Il a été tenté, mais il s’est ravisé. Macky Sall ne sera pas candidat à sa succession. En février 2024, le chef d’État cédera bien sa place, après les deux mandats autorisés par la Constitution sénégalaise. Lors de manifestations violentes, en juin dernier, une grande partie de ses concitoyens lui avait demandé de ne pas toucher à la Constitution, rappelle RFI. En dépit de messages similaires, ces dernières années, d’autres dirigeants africains ont fait le choix inverse. Une pratique qui va croissant depuis une dizaine d’années, même si toutes les tentatives ne sont pas couronnées de succès.

En 2020, en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a franchi ce pas après la mort prématurée de son dauphin, l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Celui qui bouclait alors son deuxième mandat a décidé de se présenter une nouvelle fois pour répondre “favorablement à l’appel de [ses] concitoyens […] dans l’intérêt supérieur de la nation”. Une décision qui a eu pour effet de raviver les souvenirs de la guerre civile de 2010-2011, lors de laquelle 3 000 personnes étaient mortes, selon les chiffres de l’ONU. À l’origine de son déclenchement, l’opposition entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, son prédécesseur.

Crise politique

Pour que sa candidature soit validée, Alassane Ouattara s’était appuyé sur la nouvelle Constitution adoptée en 2016. Ses partisans avaient alors usé de périphrases pour parler non pas d’un “troisième mandat”, mais d’un “premier mandat de la nouvelle République”. Une tentative qui n’avait pas permis d’échapper à une crise politique ou d’éviter des violences, qui avaient fait une centaine de morts. Grâce au dialogue, la tension avait fini par retomber, mais il n’avait pas été franchement question de la modification ou de la révision de la Constitution et d’une possible remise à zéro du compteur des mandats présidentiels.

Pour dépasser les limites, les chefs d’États ne manquent pas d’idées. Ils arguent qu’un nouveau mandat garantira la paix et la stabilité du pays. Ils avancent aussi l’intérêt supranational ou encore l’appel du peuple souverain. Pour justifier des modifications de la Constitution, ils s’appuient sur les mêmes arguments.

Des morts et des personnes emprisonnées

Ainsi, en Guinée, le président Alpha Condé a justifié l’adoption du nouveau texte par le fait que celui en vigueur avait été rédigé par une Assemblée de transition, rapporte la radio. L’ancien Président expliquait qu’il souhaitait ainsi répondre aux demandes du peuple. Si une petite part des Guinéens s’est mobilisée pour réclamer un changement, ceux en faveur d’une modification constitutionnelle ont été beaucoup plus nombreux. Là encore, la crise a fait des dizaines de morts. Un bilan auquel il faut ajouter des centaines de personnes envoyées en prison, avant un coup d’État militaire en septembre 2021.

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a également avancé l’argument d’une Constitution désuète. Mais cette fois, la Cour constitutionnelle s’était opposée à une réforme du texte. Alors, dégainant un décret présidentiel, le chef de l’État a mis à la retraite la présidente de la Cour. Si bien qu’un référendum sur la modification de la Constitution devrait avoir lieu le 30 juillet 2023.

Des pays plus respectueux

Ces exemples ne sont pas exhaustifs. Mais RFI rappelle qu’il existe aussi des présidents africains respectueux. Au Nigeria, au Kenya, au Bénin ou encore du Niger, la limitation du nombre de mandats semble être rentrée dans la culture politique.

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