Ce sont les baptistes qui sont arrivés les premiers, comme l’illustre la Chapelle Sims, érigée dès 1891. Aujourd’hui responsable de la CBCO, le pasteur Fidèle répond à nos questions dans ses bureaux de Kinshasa (RDC), aux côtés de Philippe, son secrétaire général adjoint.
Pourriez-vous vous présenter ?
Je suis le pasteur et professeur Fidèle Bavuidinsi Nsenga, professeur d’université, docteur en théologie, formé à l’UPC (Université Protestante au Congo). Je suis enseignant à l’Université Chrétienne de Kinshasa. Auparavant, j’ai été pasteur de district de la CBCO (Communauté baptiste du Congo Ouest). J’ai été secrétaire général adjoint de la CBCO, et je viens d’être nommé Secrétaire général et représentant légal pour tout le pays, pour un mandat de cinq ans.
J’ai également été président de l’Église du Christ au Congo pour le Bas-Congo. J’ai travaillé dans beaucoup d’organismes de transformation des conflits, avec le Conseil Oecuménique des Églises. Mon travail de thèse a porté sur la résolution des conflits ; enfin, je suis pasteur baptiste depuis 1980, marié, père de six enfants.
Que représentent les baptistes au Congo RDC ?
Nous avons plus de 10 000 lieux de culte, répartis dans les 11 anciennes provinces et dans les 26 provinces actuelles du pays. Nous gérons près de dix hôpitaux baptistes en République démocratique du Congo. Nous avons aussi de nombreuses écoles primaires, secondaires, des universités… Il existe cinq universités baptistes au Congo RDC. Il n’y a pas aujourd’hui de plus grand pôle baptiste francophone dans le monde. Mais nous n’avons que de faibles moyens. La plupart de nos communautés sont pauvres, les ressources manquent, et nous souhaitons développer des partenariats avec nos frères et sœurs baptistes européens plus favorisés. Nous œuvrons aussi pour les échanges avec d’autres Églises protestantes. Nous aurions des choses à nous apporter mutuellement. Nous n’avons pas suffisamment de relations avec les baptistes de France. Pourquoi ne mettrions-nous pas en place des échanges de pasteurs, pour une durée de trois ou six mois ?
Que pensez-vous de la francophonie protestante ?
C’est une idée pertinente et importante. Nous parlons la langue française. Nous qui sommes francophones, nous devons nous mettre ensemble autour d’une table, comme les anglophones qui se soutiennent vraiment à partir de cette langue. La langue anglaise est une barrière pour nous. Les baptistes de la CBCO sont francophones, comme la grande majorité des Congolais. Nous devons nous coordonner, travailler ensemble avec cette langue. C’est très pertinent.
Quels types de lien entretenez-vous avec la France et la Belgique ?
J’ai eu l’occasion d’aller en Belgique, et aussi en France, à Strasbourg. Les relations sont très bonnes. J’ai été accueilli comme « chez moi » en Alsace, un accueil incroyable. J’ai été logé, alors que je ne connaissais personne à Strasbourg lors de mes études de doctorat. Elisabeth Parmentier et tant d’autres, m’ont reçu, et se sont démenés pour m’héberger. On m’a procuré un petit job, j’ai reçu une aide formidable. Je faisais l’aller-retour Colmar-Strasbourg au début, c’était payant, mais cela a été arrangé pour moi. J’ai ressenti convivialité et fraternité. Les baptistes n’étaient pas très forts à Strasbourg, c’est davantage auprès des Luthériens que j’ai trouvé appui. J’en conserve un excellent souvenir. Dans le cadre de nos relations de partenariat académique, nous avons eu depuis quelques professeurs francophones protestants (Suisse, France), pour des cours sur le Nouveau Testament… En revanche, il n’y a pas de relation suivie au niveau des Églises.
Quel rôle jouent pour vous les médias francophones ?
Les Églises de Réveil sont en avance sur nous. Elles sont très présentes dans les médias. Pour ma part, je recours à beaucoup de médias francophones comme Rfi, TV5, France 24. La Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) est également très largement francophone. J’ai sur mon bureau le journal Le climat tropical, également francophone. Il annonce d’ailleurs ma prise de fonction à la tête de la CBCO ! Mais nos Églises n’ont pas de média propre, c’est une difficulté. Nous n’avons même pas de journal baptiste francophone pour la CBCO. Je souhaiterais développer une radio et une télévision baptiste de langue française. Ce serait un moyen aussi de tisser plus de liens avec nos frères et sœurs en diaspora. Nous ne devons pas abandonner le terrain des médias aux Églises de Réveil. Il nous appartient de favoriser le goût du contact grâce aux nouveaux médias, y compris internet.