Dosithé Mangandu pousse la porte de l’église méthodiste de Bienne, rue de la Plaenke. Ici, il est chez lui. La cinquantaine, allure posée, il s’excuse d’un léger retard, la faute à son fils. L’homme est pasteur, marié, père de deux enfants en âge d’étudier. Sa femme à la voix chaude et vibrante chante lors des offices avec les jeunes. La foi et la famille sont ses piliers.
Natif du Congo, fils d’un enseignant formé dans les écoles normales coloniales, Dosithé Mangandu a traversé l’épreuve de l’exil. Son destin, il le voyait universitaire, mais l’Histoire – celle d’un Congo secoué par les soubresauts du pouvoir, les régimes autoritaires et la guerre – l’a forcé à bifurquer. Il n’a pas choisi la Suisse, mais la Suisse l’a accueilli. Et lui, en retour, s’est donné aux autres.
Son parcours est fait d’engagements. Son ministère a commencé en 1995 au sein d’une église de Kinshasa. D’abord reconnu pour ses dons, il est formé, encadré, poussé à la responsabilité. En Suisse, il retrouve ses compatriotes, les guide, les soutient. Une petite communauté se réunit dans son modeste appartement. Mais elle est bientôt à l’étroit, et il trouve un lieu plus grand: l’église méthodiste de Bienne, où il officie désormais depuis vingt ans. Chaque dimanche, ils sont plusieurs dizaines à prier, chanter et à se retrouver dans cette langue familière, le français. Son rôle ne s’arrête pas à sa mission pastorale. Il regarde par-delà les murs de son temple, embrasse l’histoire de son pays, ses plaies, ses silences. «Le Congo, riche en tout, pauvre pour tous», résume-t-il. L’exil l’a rendu plus conscient. Il refuse […]