Entre Gabon, France et vastes horizons de la francophonie, Melina O. est ce qu’on appelle une référence. Primée à plusieurs reprises pour sa musique, comme lors des Balafon Gabon Music Awards en 2007 ou aux Angels Music Awards à Paris en 2015 (avec Jessica Dorsey), « son approche de l’adoration prend de multiples facettes musicales mais demeure cependant un ensemble cohérent et très contemporain » (1). En 2021, elle a notamment sorti ILOLO, mêlant chant et danse, qui a rencontré un accueil enthousiaste. Dans le premier volet de cet entretien, elle fait retour sur son parcours où s’entremêlent chant et foi chrétienne.
Melina O, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis auteure-compositrice et chanteuse. Je suis née à Port-Gentil, une ville qui a engendré beaucoup d’artistes et de sportifs du Gabon. Ma musique est axée sur le message de l’évangile, les valeurs qu’il porte et porte les couleurs du Gospel avec des influences de Jazz et de Musique du monde.
Vous êtes en haut de l’affiche en matière de Gospel francophone. Au cours des dernières décennies, vous avez accumulé une expérience considérable. Quelles sont les principales évolutions que vous avez constatées depuis vos débuts ?
La plus grande évolution reste pour moi la « démocratisation » du Gospel. Avant, on chantait les chansons chrétiennes dans les églises, les maisons. Il était rare d’assister à des concerts dans des salles reconnues. Aujourd’hui, nous avons des concerts, des rendez-vous clef comme avec le Gospel Festival de Paris.
On trouve aussi tous les styles, on ne s’arrête plus au Gospel américain en tant que style ou à la Pop chrétienne. Nous avons une grande palette de styles musicaux qui sont représentés et il y en a du coup pour tous les goûts ! Il y a une expression plus prolifique et un nouveau regard sur les jeunes artistes de Gospel.
Entre Gabon, France et Etats-Unis, vous vous êtes nourrie de nombreuses influences. Votre discographie témoigne d’une grande capacité à varier les styles et intégrer des apports différents. Quelle part a le Gospel dans votre oeuvre, par rapport à la Worship Music ou d’autres styles ?
Tout dépend du message à donner. Chanter le Gospel c’est donner une révélation de Christ alors que la Worship Music (musique de louange) est l’expression de la révérence et l’adoration à Dieu.
La Worship Music, c’est mon cœur à cœur avec le Père, je la pratique dans mes temps d’intimité avec Dieu et de service de louange à l’église. Elle change la dimension de la chanson, c’est comment on la ressent et comment on l’interprète. Je peux commencer une chanson de Gospel pour témoigner de ce que Dieu fait et l’amener à un moment où, comme le dit ce verset de la Bible, nous rentrons dans ses portes avec des louanges, dans ses parvis avec actions de grâce (Psaumes 100 :4)
Chanter, c’est la rencontre entre un talent unique et une équipe. Quelle est votre équipe aujourd’hui, et comment a-t-elle évolué au fil des années ?
L’influence d’une équipe a amené la diversité et l’unicité. Chaque culture a sa richesse et son interprétation. J’ai compris, en faisant partie du label Angelsway Music, il y a quelques années, que pour plus d’efficacité, il est important d’avoir une direction artistique. Je suis bénie de travailler avec des personnes avec des visions et des styles différents et aujourd’hui, j’ai deux importants collaborateurs. Ils sont installés aux Etats-Unis et au Gabon: Ivor Augustus et Joël E. Ondjokou R. Ils sont aussi auteurs et compositeurs dans mes projets. Saïd Ali, responsable du groupe Eben Voice est également un allié de choix, dans le conseil, les arrangements et le coaching vocal.
Depuis le début de la crise sanitaire, je n’ai malencontreusement pas eu beaucoup d’opportunité de retrouver, avec Olivier Jean-Baptiste à la direction musicale, les musiciens qui m’accompagnent sur scène depuis des années. J’ai par contre eu de beaux rendez-vous au Burundi et au Gabon pour des réalisations de qualité comme « Là-haut » ou « Ilolo » (2).
La grande majorité de vos chants sont marqués par la foi et la référence à Dieu. Comment définiriez-vous le rapport que les Eglises entretiennent avec votre musique ? Votre public est-il avant tout hors-Eglises, ou vient-il des Eglises ?
Les églises ont des styles différents. Certaines choisissent des chansons plus traditionnelles pendant que d’autres ont un cadre bien défini. Du coup, la musique que je propose a un caractère ‘‘non-dénominationel’’. Alors les gens l’écoutent hors des murs de l’église.
(1) « Zoom sur Mélina Ondjani », site http://fr.tracegospel.tv/, 6 novembre 2015 (online)
(2), Le clip vidéo « Là Haut » a été mis en ligne sur la chaîne Youtube officielle de Melina O. le 18 avril 2021, « Ilolo » a été mis en ligne le 11 novembre 2021 (plus de 110.000 vues à dater de fin janvier 2022)