Le nouveau président sénégalais, élu le 24 mars dernier, fait coup double. À l’occasion de sa venue en France, mercredi 19 juin, il participera le lendemain au Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales et rencontrera son homologue français, précise TV Monde. Bassirou Diomaye Faye déjeunera avec Emmanuel Macron. Les relations franco-sénégalaises sont anciennes et variées : politiques, humaines et économiques (la France affirme être le principal investisseur et le premier bailleur d’aide publique au développement au Sénégal). Pourtant, la rencontre s’annonce comme un test pour la suite.

D’un côté, Bassirou Diomaye Faye a séduit ses électeurs avec un discours souverainiste et la promesse de rupture avec l’ancien système. Se définissant comme un panafricaniste de gauche, il a fait part de son souhait de partenariats mutuellement bénéfiques à l’international. Son Premier ministre, Ousmane Sonko, n’est autre que son ancien mentor. Lui s’est distingué par ses propos contre l’emprise politique et économique que la France continue selon lui d’exercer au Sénégal. En mai dernier, il n’a pas hésité à dire que l’Élysée avait incité à la « persécution » d’opposants sous la précédente présidence sénégalaise.

Déjà au Mali et au Burkina Faso

Pour mémoire, le Président sénégalais et son chef du gouvernement étaient encore détenus en prison dix jours avant l’élection présidentielle. Enfin, Ousmane Sonko estime également que la présence de bases étrangères au Sénégal est “incompatible” avec la souveraineté nationale. Or, la France compte plusieurs emprises militaires à Dakar. Depuis l’an dernier, elle réduit cependant sa présence avec l’objectif de passer de 350 militaires actuellement à une centaine. L’avenir du partenariat militaire fait partie des nombreux sujets communs à Paris et Dakar. Il en va de même de la sécurité et de la réforme du franc CFA.

S’il s’agit de la première visite officielle de Bassirou Diomaye Faye en dehors de l’Afrique, le chef de l’État s’est déjà rendu dans une dizaine de pays d’Afrique de l’ouest, dont le Mali et le Burkina Faso. L’un et l’autre ont tourné le dos à la France et annoncé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ils estiment que celle-ci est inféodée à Paris.

Mettre un terme à la domination postcoloniale

Pour Le Point, Paris va devoir acter la fin du rapport de domination postcolonial. Celui-ci repose, en plus des bases militaires françaises, sur le renseignement, la relation exclusive avec les chefs d’État, mais aussi le monopole des entreprises françaises dans les économies nationales et les canaux diplomatiques officiels et officieux. En effet, alors qu’un sentiment antifrançais ne cesse de croître en Afrique, l’influence de la Chine, de la Russie, de la Turquie ou encore de l’Inde se développe.