C’est en RDC, pays africain grand comme cinq fois la France, que se trouve la perle rare. Visité en ce mois de septembre 2015, le campus de l’UPC impressionne.

Un campus protestant francophone de 8000 étudiants

Avec environ 8000 étudiants, l’Université Protestante au Congo (UPC), située au coeur de Kinshasa, troisième ville d’Afrique, mégapole congolaise de plus de 14 millions d’habitants, dispense des diplômes en français, jusqu’au doctorat, à une jeunesse congolaise francophone débordante de projets. Adossée à la majestueuse Cathédrale du Centenaire, l’un des plus grands édifices protestants du continent africain, l’UPC est un fer de lance de la francophonie protestante de ce XXIe siècle globalisé.

Cette grande institution universitaire protestante est confrontée à un très cruel manque de ressources, dans un contexte politico-économique difficile : le PIB par habitant, au Congo RDC, est presque 100 fois plus réduit que le PIB/habitants en France[1]… Mais avec « les moyens du bord » et quelques appuis internationaux, elle n’en a pas moins connu un développement impressionnant au cours du dernier demi-siècle.

Créée en 1959 en tant que faculté de théologie protestante, d’orientation presbytérienne (calviniste), elle comptait encore moins de 300 étudiants au milieu des années 1980. Avec la création, en sein, de facultés de sciences économiques (1989), de droit (1994) et de médecine (2006), elle a multiplié ses effectifs par trente au cours des trente dernières années. Circuler dans ses couloirs, à l’occasion de la seconde session des examens en septembre 2015, est une expérience inoubliable. Les étudiants, qui parlent volontiers français entre eux, paraissent très conscients du privilège qui est le leur de suivre une formation universitaire. Les doctorants rencontrés n’ont de cesse de souhaiter plus d’échanges. En matière de bibliographie ou de méthodologie, tant de partages sont possibles avec l’Europe francophone !

Etudiants : 55% de jeunes filles, et une grande diversité confessionnelle

La répartition des élèves ? Selon les tous derniers chiffres, généreusement donnés par le secrétariat académique, seuls 30 étudiants sont non-congolais : la force d’attraction de l’UPC rayonne donc massivement dans le pays même. L’UPC est d’abord une université congolaise pour les Congolais(es) ! Sur 7849 étudiants comptabilisés en septembre 2015, 55% sont des femmes.

Suivant les confessions religieuses, la répartition s’établit comme suit :

  • 2510 protestants (31,97%)
  • 2298 catholiques (29,27%)
  • 2959 Eglises indépendantes (37,70%)
  • 28 Témoins de Jéhovah (0,35%)
  • 26 Kimbanguistes (0,33%)
  • 19 musulmans (0,24%)
  • 3 orthodoxes (0,04%)
  • 2 Anglicans (0,025%)
  • 2 Salutistes (0;025%)

On constate une remarquable diversité d’origines confessionnelles, avec une large ouverture œcuménique en direction des catholiques (près d’un élève sur trois), et un poids spectaculaire des nouvelles Églises de Réveil congolaises : bien que récentes, et souvent peu intégrées dans les réseaux classiques (à commencer par l’Eglise du Christ au Congo, équivalent partiel du rôle joué par la Fédération Protestante de France dans l’hexagone), ces Eglises sont devenues aujourd’hui des acteurs majeurs de la scène religieuse et sociale au Congo RDC. Même une institution académique très fortement ancrée dans le protestantisme « classique » et officiel au Congo témoigne aujourd’hui de cette recomposition intraprotestante, puisque plus d’un élève sur trois, à l’UPC, appartient aujourd’hui à ces nouvelles Églises.

Sur le plan disciplinaire, la faculté de théologie, au sein de l’UPC, attire aujourd’hui moins d’étudiants que les trois autres, avec un peu moins de 300 inscrits. Ses départements sont l’Ancien Testament, le Nouveau Testament, l’Histoire de l’Eglise, la Théologie Systématique, la Théologie Pratique, les Sciences de la Mission, Oecuménisme et Science des religions. Ainsi formés, pasteurs, théologiens, enseignants et missionnaires sortent chaque année de l’UPC avec diplôme et projet, sur une base francophone et protestante.

[1] 484 $ (pour le Congo RDC), 42.503 $ (pour la France) ; chiffres 2013.