A l’occasion des 100 ans de la Société Biblique de Genève en 2017, le responsable de la Maison de la Bible, librairie parisienne bien connue des protestants, répond à nos questions.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Jean-Marc Guyot, je suis marié, j’ai trois enfants. Après avoir travaillé plusieurs années dans une banque suisse, alors que j’étais à l’Ecole biblique de Genève j’ai reçu l’appel pour travailler pour la Maison de la Bible, et je suis donc arrivé à Paris en octobre 1988. J’ai la responsabilité notre librairie depuis 2003 et je m’occupe aussi des relations avec les différentes librairies, les éditeurs et diffuseurs.

Depuis quand cet établissement existe-t-il à Paris ?

Comme vous le savez, l’œuvre francophone proprement dite de la Maison de la Bible, née en Suisse, prend sa source dans la création il y 100 ans de la Société Biblique de Genève. Elle fait partie de la Société Biblique de Genève et se rattache au protestantisme de type évangélique. Elle recouvre une œuvre d’édition de Bibles et de livres et de diffusion via sept librairies en France ainsi qu’un réseau de librairies partenaires appelé « Livre et plus » Localement, l’implantation parisienne  a célébré il y a deux ans ses 90 ans d’existence. Elle a en effet ouvert en 1925 dans le Vème arrondissement où elle est restée jusqu’à notre déménagement juste à côté de la Gare de Lyon en novembre 2014. Par a grâce du Seigneur nous avons pu acquérir ces nouveaux locaux bien plus vastes et accueillants et si bien situés !

Comment a évolué la relation avec le public ?

A l’origine, les Maisons de la Bible étaient essentiellement des postes d’évangélisation, d’annonce de l’Evangile. Dans plusieurs villes, des églises locales sont nées à partir du témoignage de la Maison de la Bible. L’existence d’une Maison de la Bible a, dans différentes villes, débouché sur la création d’une église de l’Action Biblique. Souvent au tout début, les cultes étaient mêmes organisés dans la librairie. Rue du Val de grâce, ils poussaient les meubles, le dimanche, et faisaient le culte dans la librairie. L’aspect d’évangélisation demeure, nous visons l’annonce, la diffusion de la Parole de Dieu, et cherchons à mettre disposition des Bibles au prix le plus accessible, comme la version à 1,90€. Mais la clientèle, aujourd’hui, a changé, et le métier a aussi évolué. Nous servons désormais une très grande majorité de clientèle chrétienne venant de différents milieux protestants et au-delà, y compris des catholiques, et des gens, non croyants, qui sont interpellés par la vitrine ou en recherche.

L’offre éditoriale francophone s’est beaucoup diversifiée. Elle est plus abondante.. Nous avons des lecteurs de toutes les catégories d’âge, qui reflètent la diversité existante dans les églises. La tendance a été au fait que les jeunes lisaient moins, mais on observe un regain. Beaucoup d’éditeurs ont développé l’offre en leur direction. Grâce à certains sites pour jeunes adultes qui recensent des titres (la Rebéllution par exemple), l’intérêt pour les livres revient chez les moins de 30 ans, et à Noël, les églises ont du choix pour faire des cadeaux de livres aux jeunes. Il y a quelques années, on offrait plutôt des gadgets…. Là, il y a une tendance à revenir au livre, c’est encourageant pour nous.

Quelles ont été les initiatives prises cette année pour les 100 ans de l’œuvre ?

La manifestation principale, et de très loin, a été la venue de l’évangéliste et orateur international Nick Vujicic, dont nous sommes l’éditeur en francophonie. Nous avons organisé sa tournée européenne. Il est venu dans les trois pays où la Maison de la Bible est installée en Europe : l’Italie, la Suisse, la France. Trois jours consécutifs, trois lieux : Turin (Italie),  Bienne (Suisse), Le Havre (France, dans le cadre de Bouge Ta France), les 12, 13 et 14 juillet 2017. Le 15 juillet 2017, Nick était ici à Paris dans notre librairie. Sa présence a emmené énormément de monde durant les 3/4 d’heure où il est resté. Il y a eu un temps de questions réponses, et après, ce qui est rare pour lui et ce qui n’était pas prévu, Nick a proposé un temps de dédicace. Cette opération principalement ciblée sur la francophonie a eu un impact très grand au niveau de la participation. Les deux grandes salles en Italie et en Suisse ont affiché complet. Et au Havre, 8000 personnes sont venues écouter Nick. Sans compter les relais en direct (Antilles…) et les visionnages sur les sites Maison de la Bible ou sur YouTube. Lors de l’événement au Havre, nous avons tenu un stand où nous ne vendions que ses livres, ainsi que des Bibles à 1.90 € et la Bible Express.

Y-a-t-il une stratégie francophone de la Maison de la Bible ?

La Maison de la Bible a très à cœur de porter des auteurs francophones, qui restent encore largement minoritaires dans l’édition évangélique. La majorité de ce que nous vendons, ce sont des traductions de l’anglais. Mais on a développé des relations avec certains auteurs pour les encourager à produire davantage en langue française. Cela a débouché sur l’édition de plusieurs ouvrages, qui ont plu, tel que « Pour une foi réfléchie » d’Alain Nisus. Notre public de lecteurs vient de la francophonie et nos implantations répondent à cela : l’axe principal est suisse et français, mais nous sommes aussi représentés par des diffuseurs en Belgique, au Québec et en Afrique francophone. Nous disposons aussi d’une librairie Maison de la Bible à Abidjan (Côte d’Ivoire). Nous en avions davantage auparavant en Afrique de l’Ouest ou en Afrique du Nord, mais elles ont fermé, pour des raisons économiques ou des raisons de sécurité. Par exemple, un des desservants de la Maison de la Bible a été poignardé à Oran (Algérie), dans les années 1960.  Même à Paris, en 2007, nous avons dû faire face à une vitrine saccagée… Mais l’œuvre continue sous le regard de notre Seigneur et la demande pour la Bible et les livres chrétiens se multiplie !