Le pape François n’a pas mâché ses mots à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDP). En visite dans le pays d’Afrique le plus catholique, il a prononcé un discours très politique mardi 31 janvier, peu après son arrivée. Profitant de sa première prise de parole, le souverain pontife a dénoncé le “colonialisme économique” qui “se déchaîne” en Afrique, rapporte RFI. “Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources : on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent ‘étranger’ à ses habitants, a-t-il détaillé. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants. C’est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche.”

Pour le pape François, ça ne fait pas un pli : le colonialisme économique est “tout aussi asservissant” que le colonialisme politique. Des propos applaudis devant des représentants des autorités et du corps diplomatique invités dans l’enceinte du palais présidentiel. Un avis qui vaut pour tout le continent africain. “Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, ôtez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser”, a-t-il poursuivi.

“Des millions de morts”

Une image particulièrement bien choisie puisque, comme le rappelle le site Internet de la radio, la RDC dispose d’un sous-sol très riche et sa terre est fertile. Pourtant, plus de 60% des Congolais disposent de moins de 2,15 dollars par jour soit, 1,98 euro. “En regardant ce peuple, on a l’impression que la communauté internationale s’est presque résignée à la violence qui le dévore. Nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule dans ce pays, depuis des décennies désormais, faisant des millions de morts à l’insu de beaucoup. Il faut que l’on sache ce qui se passe ici”, a ajouté le souverain pontife.

Précédemment, lors de son discours de bienvenue, le président Félix Tshisekedi avait mis l’accent sur la situation dans l’est du pays. Un secteur où “des groupes armés, les puissances étrangères avides de minerais contenus dans notre sous-sol, commettent avec l’appui direct et lâche de notre voisin le Rwanda, de cruelles atrocités”.