Gaël Giraud est de nouveau dans un scandale. L’économiste et prêtre jésuite a été reçu par la chaîne d’interview Thinkerview. Il avait alors déclaré que le président de la République française « avait été pris sous la coupe de David de Rotschild » alors qu’il était jeune banquier. Emmanuel Macron serait « un garçon qui exécute un programme qui lui est dicté par d’autres, notamment David de Rothschild, et ce programme, c’est la privatisation du monde et la destruction de l’État social », avait-il déclaré. « Emmanuel Macron est le porte-flingue si je puis dire de David de Rotschild. Il est un petit peu comme les enfants soldats au Congo« , avait-il encore expliqué.

Ces références sont courantes dans les sphères conspirationnistes et antisémites. L’observatoire des théories du complot Conspiracy Watch avait isolé le propos afin de pointer du doigt les problèmes soulevés par de telles déclarations. La ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) ainsi que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ont appelé le CNRS – dont Gaël Giraud fait partie – à agir. S’est ensuivi une réaction de la Compagnie de Jésus dans laquelle l’économiste fait partie depuis 2004 et où il a été ordonné prêtre en 2013 qui a dénoncé « fermement ces propos outranciers ».

« Les mots utilisés renvoient à des références antisémitesL’urgence climatique et la dénonciation des excès du libéralisme économique ne sauraient justifier de tels propos. Dans un contexte d’antisémitisme élevé en France, les jésuites seront toujours vigilants à combattre les discours qui l’alimentent insidieusement », a déclaré sa province jésuite dans un communiqué.

Gaël Giraud « réprouve sans équivoque » ses propos

À la suite de sa prise de parole sur Thinkerview et aux différentes réactions, l’économiste a publié un communiqué d’excuse sur Twitter. Il « présente [s]es plus sincères excuses » pour avoir « pu choquer certaines personnes qui y ont vu, à tort, une reprise de thèses complotistes qu[‘il] réprouve radicalement ». Gaël Giraud dit avoir pris « conscience en réécoutant » ses propos que ces derniers « pourraient être détournés en vue d’alimenter un imaginaire antisémite nauséabond, bien connu et traditionnellement associé à un prétendu pourvoir occulte de la finance« .

Il continue en expliquant qu’il « n’y a nul complot dans les faits que j’ai décrits« . Pour lui, « il y a des lieux de pouvoir« , à l’image des banques d’affaires, des grandes entreprises, de l’ENA ou encore des grands corps de l’État, « qui poussent par idéologie à une politique de privatisation des actifs publics et de réduction des services publics« . « Je ne crois aucunement que le programme de M. Macron soit secrètement dicté par l’agenda politique d’un homme ou d’une communauté, et encore moins par un agenda « eschatologique«  », comme il l’avait déclaré dans la vidéo.

Le prêtre jésuite de nouveau dans la controverse

Le tweet de Conspiracy Watch rappelle que l’économiste avait déclaré sur Twitter, quelques jours seulement avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que la crise entre les deux pays relevait d' »un piège tendu par la CIA » cherchant « à rompre le lien millénaire Moscou-Kiev ». Un tweet qui a été supprimé peu après.

Mais le scandale le plus important qui pèse actuellement sur les épaules de l’économiste est celui de son livre. Composer un mode en commun. Une théologie politique de l’anthropocène, est issu de sa thèse en doctorat de théologie soutenue au Centre Sèvres-Facultés jésuites en 2020, rappelle La Croix. En effet, l’hebdomadaire L’Express a sorti une enquête, quelques jours avant la date de parution du livre, pointant plusieurs pages « pour tout ou partie recopiées » et de sources non citées. Cet article avait eu comme effet de faire annuler la parution de sa commercialisation par la maison d’édition, Édition du Seuil. Plusieurs mois après, une seconde version de l’ouvrage avait été publiée. Pour Le Monde et L’Express, qui se sont associés pour la seconde enquête, le livre « reste accablante pour l’auteur et son éditeur« .