Ebenezar se souvient du jour où un étrange homme, accompagné de promesses vides, de faux sourires et d’un portefeuille bien garni, s’est présenté devant la maison de son arrière-grand-mère. « Acheté » pour quelques dollars, le garçon est emmené en eaux profondes sur le bateau de son « maître » alors qu’il ne sait pas nager. Commence alors, pour l’enfant de six ans, un long cauchemar.
En eaux troubles
Le lac Volta est le plus grand lac artificiel au monde, mais derrière la majesté de ses eaux se cache une sinistre réalité : des centaines d’enfants, la plupart âgés de moins de 10 ans, sont exploités dans l’industrie de la pêche.
« Les maîtres s’enrichissent, s’ils travaillaient avec des hommes, ils négocieraient leur salaire à la fin du mois. Mais les enfants, eux, n’ont pas leur mot à dire. Ils ne peuvent rien faire, ce ne sont que des enfants »
Henry, directeur d’un Centre de Développement de l’Enfant (CDE, créé par une Église locale) de la région
Bien que la traite des enfants soit illégale au Ghana, ces derniers, considérés comme une main-d’œuvre bon marché et dispensable, endurent des conditions de travail et de vie déplorables : régulièrement battus, beaucoup dénoncent également les abus sexuels et la privation de sommeil, de nourriture et d’eau auxquels leurs compagnons et eux-mêmes ont parfois dû faire face. De plus, séparés de leur famille et privés de la possibilité d’aller à l’école, de recevoir des soins médicaux ou de profiter de loisirs, leur développement, tant physique que cognitif et émotionnel, se retrouve fortement […]