Dans un rapport publié mardi 13 mai, Médecins du monde constate qu’en un an et demi, la malnutrition aiguë à Gaza a atteint « des niveaux comparables à ceux observés dans les pays confrontés à des crises humanitaires prolongées ». L’ONG met en cause le siège imposé par les autorités israéliennes. Le bilan dressé est alarmant puisqu’en 2024, près de 25% des bébés de moins d’un an et 19% des femmes enceintes et allaitantes souffraient de malnutrition aiguë. En avril 2025, alors que les réserves de nourriture étaient épuisées après un siège total imposé par Israël, une femme enceinte ou allaitante sur cinq et près d’un enfant sur quatre examinés dans les centres de santé présentaient une malnutrition aiguë ou un risque élevé de la développer. Dans sa publication, l’ONG a rappelé que la bande de Gaza était soumise à un blocus israélien depuis 18 ans et que celui-ci était encore plus restrictif depuis octobre 2023.

« Le siège total israélien en vigueur depuis le 2 mars, empêchant l’acheminement de toute aide dans l’enclave, devrait aggraver davantage la malnutrition aiguë et la faim généralisée », a noté Médecins du monde. Avec la guerre entre le Hamas et Israël, l’agriculture à Gaza est à l’arrêt, s’ajoutant à une situation économique déjà précaire. Pour permettre aux Palestiniens de bénéficier de ressources, l’ONG demande « un cessez-le-feu permanent ainsi que la reconstruction de la bande de Gaza », soulignant que « les immenses besoins des Palestiniens à Gaza ne peuvent pas être pris en charge de manière suffisante par des pauses temporaires dans les hostilités ». Les taux de malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes et allaitantes ont augmenté significativement dans les semaines qui ont suivi les blocus, tandis qu’ils baissaient dans les semaines suivant les levées partielles de restrictions.

Une personne sur cinq menacée de famine à Gaza

Le rapport souligne que la malnutrition résulte du siège israélien, des attaques israéliennes contre les infrastructures et des déplacements forcés à grande échelle. Cela entraîne des pénuries de denrées alimentaires et de l’inflation, mais aussi une détérioration des conditions d’hygiène et un manque d’accès aux soins. Ces deux facteurs mènent à la malnutrition avec un manque de nutriments vitaux pour la population ainsi qu’une exposition à des maladies. Pour l’ONG, à Gaza « la faim est utilisée comme arme de guerre ». Elle rappelle que les parties au conflit doivent « respecter les principes de distinction et de proportionnalité selon le droit humanitaire international (DIH) » et qu’Israël, en tant que puissance occupante a le devoir « d’assurer la fourniture appropriée de nourriture, de matériel médical, d’abris ».

Lundi 12 mai, les Nations Unies ont alerté, dans un nouveau rapport, sur le fait qu’une personne sur cinq était menacée de famine à Gaza. « La situation à Gaza s’est dramatiquement aggravée depuis le 2 mars, date à laquelle les livraisons d’aide humanitaire et de biens commerciaux ont été complètement interrompues par l’armée israélienne », a écrit l’ONU dans un communiqué. Cette situation pourrait encore se détériorer car, selon l’ONU, plusieurs zones de l’enclave, notamment le nord, la ville de Gaza et Rafah, plus au sud, pourraient basculer dans la famine. Les Nations Unies demandent l’entrée de l’aide humanitaire et le respect du droit international, tout en assurant que leurs agences sont « prêtes à acheminer immédiatement vivres et traitements nutritionnels dès la réouverture des postes-frontières ».