Trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, quand le conflit va-t-il s’arrêter ? Personne ne semble en capacité de pouvoir répondre à cette question pour le moment. Pourtant, toutes les parties prenantes continuent de prêcher leurs atouts et de faire valoir la sécurité de l’Ukraine à l’égard d’un repli de l’offensive russe. C’est donc avec cette volonté de s’accorder sur le même discours que le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à la Maison-Blanche vendredi 28 février.

Une rencontre historique qui devait permettre aux États-Unis de récupérer les droits d’exploitation des ressources minérales rares de l’Ukraine. Un accord en guise de pré-remboursement de l’aide accordée à Kiev depuis le début de la guerre, soit 120 milliards de dollars environ, selon BFTMV. Mais la discussion a tourné court et a surtout tourné à l’humiliation pour Volodymyr Zelensky. Devant la presse rassemblée dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, le chef d’État en tenue militaire s’est fait descendre par les journalistes acquis à la cause de Trump, le vice-président américain J.D. Vance et le président en personne.

Une humiliation en trois étapes donc, à commencer par la critique de la tenue de Zelensky qui n’a pas souhaité porter de costume dans l’enceinte du bureau présidentiel. Puis, d’un air agacé, le président ukrainien a interpellé J.D. Vance sur la question de la diplomatie en le nommant par son prénom : « Mais de quelle diplomatie vous parlez ». Ce à quoi l’intéressé a répondu froidement : « Je parle d’une diplomatie qui peut sauver votre pays de la destruction ». En retour, Zelensky a appelé son homologue à plus de respect pour le front ukrainien : « Êtes-vous déjà venu en Ukraine pour parler comme ça ? » harangue-t-il à un J.D. Vance qui répond sans broncher « J’ai vu des reportages »….

Le coup bas de trop pour Zelensky

Après plusieurs minutes d’un échange déjà bien musclé entre les deux puissances, le président américain a asséné le coup fatal à son homologue ukrainien : « Sans nous, vous n’avez pas les cartes. Vous jouez avec la troisième guerre mondiale ». Après les attaques sur sa tenue et les reproches du vice-président américain, c’en est trop pour Volodymyr Zelensky. Il est alors raccompagné à la sortie sans protocole et quitte par la suite les États-Unis sans avoir signé d’accord, rapporte france info.

Dans les minutes et les heures qui suivent, le moment que vient de vivre le chef d’État ukrainien est critiqué par la majorité des dirigeants européens. « Vous ne serez jamais seul » assurent les présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Conseil Antonio Costa. « Le soutien des Pays-Bas à l’Ukraine reste intact. Surtout maintenant », a déclaré le Premier ministre Dick Schoof. De son côté, le président français Emmanuel Macron, assure qu’« il y a un agresseur qui est la Russie, il y a un peuple agressé qui est l’Ukraine ».

L’Europe (toujours) au chevet de Kiev

48 heures après l’humiliation de Zelensky, le Vieux-Continent s’est activé pour mettre en place une riposte à la parole américaine. Le chef de file de cette dernière se nomme Keir Starmer. Car même hors de l’Union Européenne, la Grande-Bretagne continue de prendre part aux discussions sur la sécurité continentale. Ainsi, le Premier ministre britannique a organisé un accueil en grande pompe pour le président ukrainien : poignée de main au 10 Downing Street, rencontre solennelle avec le roi Charles III et photo de famille avec les dirigeants présents.

Au total, 18 pays alliés de Kiev se sont rendus à Londres le 2 mars parmi lesquels onze États membres de l’Europe (Allemagne, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Suède et Tchéquie), ainsi que le Canada, la Norvège, la Turquie et la Grande-Bretagne, rapporte la revue Le Grand Continent. Un front qui se veut uni et qui a rappelé sa volonté d’augmenter ses dépenses dans la défense du continent. L’une des solutions envisagées serait d’ailleurs de puiser dans l’argent des actifs saisis à la Russie, a précisé le Premier ministre britannique, souligne franceinfo.

Une promesse de paix vraiment envisageable ?

À l’issue d’un week-end de tensions, l’Ukraine semble peut-être avoir trouvé une porte de sortie à son avantage. Le 2 mars au soir, Emmanuel Macron a révélé au Figaro que l’hypothèse d’une trêve d’un mois « dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques » était sur la table. Un futur cessez-le-feu qui ne concernerait a priori pas le front. Mais lundi 3 mars, Londres a démenti les propos du président français. Le ministre des forces armées britannique, Luke Pollard a déclaré sur Times Radio : « Il n’y a pas d’accord sur ce à quoi ressemblerait une trêve (…), mais nous travaillons ensemble avec la France et nos alliés européens pour déterminer la voie à suivre pour une paix durable en Ukraine. »

Pour l’heure, la possibilité d’une interruption des affrontements à l’est de l’Europe n’est donc pas au programme. Une fois que les dirigeants européens se seront mis d’accord, le plan de trêve sera présenté aux États-Unis ainsi qu’à la Russie. Quand est-ce que cela arrivera ? Peut-être bien plus tôt qu’on ne le pense. En tout cas, une chose est sûre, le clash entre Washington et Kiev à la Maison-Blanche a permis à l’Europe de se rappeler qu’elle avait la nécessité de se réarmer et de réfléchir à l’après, c’est-à-dire sans le soutien américain. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen l’a d’ailleurs martelé lors du sommet à Londres, « nous devons urgemment réarmer l’Europe », car trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, le conflit continue de faire des milliers de morts.