Document publié en 2020 par l’Académie pontificale pour la vie, l’appel de Rome a fait l’objet d’une rencontre mardi 9 et mercredi 10 juillet au Japon. Pour l’occasion, des responsables religieux étaient venus du monde entier afin de signer le document qui réclame une éthique de l’intelligence artificielle (IA). RCF rappelle que le document a été signé dès 2020 par Microsoft, IBM, la FAO et le gouvernement italien. C’était le 28 février. Cette fois, “en signant cet appel, les responsables religieux disent vouloir souligner qu’il est essentiel de guider le développement de l’IA avec des principes éthiques”, explique à la radio Jean-Baptiste Noé, historien et rédacteur en chef de la revue Conflits.
« L’esprit de cet appel, c’est de dire que l’intelligence artificielle est quelque chose de bon, de positif, à condition que ce soit mis au service du bien commun et du développement humain”, poursuit-il. Si l’appel de Rome est un document précurseur du Saint-Siège pour réguler l’IA, il est dans la continuité de l’action de l’Église. “Elle se positionne dans un combat qui est le sien depuis toujours, puisqu’il s’agit du rapport entre la science et la foi, c’est aussi une question morale”, reprend l’historien.
Justin Welby et d’autres responsables
Dans le cas de la science, l’Église reconnaît que celle-ci est positive dans la mesure où elle améliore les conditions de vie. “Mais elle est bonne si elle est bien orientée et si elle est vraiment utilisée au service des plus faibles et au service du développement humain. Et pour cela, elle doit respecter des normes morales”, souligne Jean-Baptiste Noé. Aussi le Vatican parle d’“algor-éthique”, une contraction d’algorithme et d’éthique régulièrement employée par le pape François. Pour ce dernier, cette éthique ou morale ne doit d’ailleurs pas être uniquement chrétienne : toute l’humanité devrait se l’approprier.
Un sens des responsabilités que l’Académie pontificale pour la vie aimerait voir entrer dans les organisations, les gouvernements et les institutions. Son appel vise à dessiner un futur dans lequel l’innovation numérique et le progrès technologique seraient au service du génie et de la créativité humaine au lieu de chercher peu à peu à le remplacer. Un avis partagé par l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, mais aussi des responsables musulmans et juifs. À Hiroshima, des représentants des religions asiatiques leur ont emboîté le pas en signant l’appel.