La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée”, a déclaré, samedi 3 décembre, le procureur général Mohammad Jafar Montazeri, selon l’agence de presse ISNA, citée par Le Monde. La police des mœurs est la force policière qui avait arrêté la Mahsa Amini car elle lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire ultra strict de la République islamique. La jeune Kurde iranienne, âgée de 22 ans, décédait le 16 septembre, trois jours après son arrestation, déclenchant une contestation sociale d’ampleur à travers l’Iran, qui est d’ailleurs toujours en cours. 

Toutefois, cette annonce est à prendre avec précaution : la fin de la police des mœurs n’a, pour le moment, pas été confirmée par d’autres personnalités iraniennes. Les modalités de sa dissolution n’ont pas non plus été précisées. Pour la sociologue et spécialiste de l’Iran Mahnaz Shirali, interrogée par le HuffPost, il s’agit d’une “opération de propagande du régime pour détourner l’attention de la communauté internationale sur les crimes et les exactions qui sont en train d’être commis en Iran. La République islamique veut se montrer souple, capable d’effectuer quelques réformes, alors que la violence envers les femmes en Iran est institutionnalisée.” La preuve en est : d’après Le Monde, les arrestations liées au port du voile se poursuivent. 

“Stratagème”

Et quand bien même le pouvoir avait aboli la police des mœurs, ce ne serait pas suffisant pour les Iraniens qui sont dans la rue depuis plus de deux mois, estime Mahnaz Shiral. D’après les organisations de défense des droits humains, au moins 450 civils ont été tués et 18 000 personnes arrêtées depuis le début des manifestations. Interrogé par TF1, le spécialiste de l’Iran Clément Therme, chargé de cours à l’université Paul Valéry de Montpellier, abonde : “Ce n’est en rien une prise en compte des demandes des protestataires, mais seulement un ballon d’essai, qui se révèle être un stratagème. L’annonce de l’abolition de la police des mœurs est une stratégie de manipulation par l’instauration d’un faux dialogue, pour mieux réprimer ensuite.”