Il y a quatre ans, le parti n’obtenait que 4% des voix. Lors des élections législatives italiennes qui se sont déroulées dimanche 25 septembre, Fratelli d’Italia a obtenu près de 26% des suffrages, rapporte Libération. Le succès, historique, des candidats post-fascistes est incontestable. Le parti d’extrême droite était donné favori depuis plusieurs mois. C’est désormais chose faite : au total, la coalition de droite et d’extrême droite — une alliance entre Fratelli d’Italia, la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi — obtient près de 44% des suffrages. Pour la première fois depuis 1945, un parti post-fasciste pourrait ainsi gouverner car ladite coalition est assurée d’obtenir la majorité à la Chambre des députés et au Sénat. Et pour la première fois également, l’un des pays fondateurs de l’Union européenne sera gouverné par l’extrême droite.
Le Parti démocrate, la principale formation de gauche, n’a pas réussi à faire jouer le vote utile contre l’extrême droite : il est passé sous la barre des 20% de votes. Quant au Mouvement 5 étoiles, parti antisystème, il a récolté un peu plus de 15% des voix. À noter également que l’abstention a atteint un niveau record : 36% des Italiens ne sont pas allés voter. C’est donc la cheffe de file de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, 45 ans, qui devrait s’emparer du poste de Premier ministre. Du reste, elle le revendique. “Nous gouvernerons pour tous les Italiens… Nous le ferons dans l’objectif d’unir le peuple”, a-t-elle lancé.
“Passé fasciste”
Mais qui est-elle vraiment ? “J’ai un rapport serein avec le fascisme. Je le considère comme un chapitre de notre histoire nationale”, a-t-elle dit en 2006 dans un entretien au Corriere della Sera. “Oui à la famille naturelle, non au lobby LGBT ! Oui à l’identité sexuelle, non à l’idéologie du genre ! Oui à la culture de la vie, non à l’abîme de la mort ! Oui aux valeurs universelles de la Croix, non à la violence islamiste ! Oui aux frontières sûres, non à l’immigration de masse ! Oui au travail de nos citoyens, non à la grande finance internationale ! Oui à la souveraineté du peuple, non à la bureaucratie de Bruxelles ! Oui à notre civilisation, non à ceux qui veulent la détruire !” assénait-elle en juin dernier.
Pour Piero Ignazi, professeur de sciences politiques à l’université de Bologne, “il y a, en Italie, un substrat fasciste de longue durée et qui va bien au-delà des résultats qu’ont historiquement obtenus aux élections les partis néo-fascistes”. “Le fascisme est une histoire qui a profondément marqué le XXe siècle italien et qui est encore présent, même si ce n’est évidemment plus sous la forme des Chemises noires. Le slogan ‘Dieu, patrie, famille’ a encore une forte résonance dans une frange de l’électorat. Le fait est que l’Italie n’a jamais vraiment fait les comptes avec son passé fasciste”, analyse ce spécialiste des droites et extrême droites européennes, auprès de Libération.
Réactions divergentes
Dans la foulée, les réactions européennes n’ont pas tardé. La Commission européenne espère qu’elle aura “une coopération constructive avec les nouvelles autorités italiennes”, a déclaré, lundi 26 septembre, son porte-parole. En Espagne, le ministre des Affaires étrangères a mis en garde que “les populismes finissent toujours en catastrophe”. La France sera “attentive” au “respect” des droits de l’homme et du droit à l’avortement en Italie, a prévenu la Première ministre Élisabeth Borne. Du côté de l’extrême droite française, plusieurs personnalités se sont réjouies d’une telle victoire. “Toutes mes félicitations à Giorgia Meloni et au peuple italien ! Comment ne pas regarder cette victoire comme la preuve que oui, arriver au pouvoir est possible ?”, a par exemple tweeté Éric Zemmour.