Un témoignage qui nous rappelle à quel point ces vies bouleversées étaient comparables avec celles menées en France. Marina y raconte son exil et l’espoir d’un retour en Ukraine.
A quel moment avez-vous décidé de partir en exil ?
Je ne me suis pas décidée tout de suite à fuir la guerre. J’ai 39 ans, je vivais bien à Kharkov, une grande ville située dans l’Est de l’Ukraine, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Russie. J’étais gérante d’une concession automobile qui marchait bien, mes conditions de vie étaient confortables, je vivais dans un appartement avec deux chambres, mon fils allait à l’école maternelle et suivait des cours de judo. J’étais heureuse. Au début du conflit, j’ai préféré rester et attendre, en espérant que la guerre se terminerait rapidement. Mais quand les frappes aériennes ont commencé, plus personne ne se sentait en sécurité nulle part et c’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de partir avec mon fils.
Vous pensiez dès le départ à venir en France ?
Une semaine avant notre départ, je voulais aller en Allemagne mais j’hésitais. Nous avons commencé par voyager en voiture pendant trois jours, jusqu’en Ukraine occidentale. Puis, en train, nous avons traversé la Hongrie, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, et enfin la France, jusqu’à Marseille. En effet, au moment de choisir entre l’Allemagne et la France, j’ai rencontré sur le chemin de l’exil une connaissance de longue date, qui s’apprêtait à se rendre à Marseille précisément, parmi d’autres exilées, femmes avec enfants et personnes âgées. Je me suis dit qu’on pouvait essayer nous aussi d’aller à Marseille et voir comment ça allait se passer.
Comment se sont passés les premiers temps à Marseille ?
Heureusement, nous avons été tout de suite aidés par des bénévoles. Le trajet entre l’Ukraine et Marseille a été éprouvant, en particulier pour mon fils de 6 ans, et certains moments du voyage, en particulier en Hongrie où nous étions livrés à nous-mêmes, nous ont marqués. Une fois enfin installés à Marseille dans un appartement d’une résidence universitaire du 13ème arrondissement, nous avons été soutenus. Des psychologues bénévoles viennent nous voir et je vais solliciter un entretien pour mon fils, car l’exil est particulièrement perturbant pour un enfant. Nous sommes soutenus aussi par l’Armée du […]