Mais faire venir et cohabiter différents publics demande du temps. Le lieu peine encore à être adopté par les habitants du quartier.

Au premier étage, la grande salle aux vitres baignées de lumière accueille cette après-midi une série de bambins, en arc de cercle, les yeux et les oreilles rivés sur une conteuse. Art-thérapeute du quartier, Ania Bloch a apporté une haute pile de livres. Elle y pioche pour emmener, pas à pas, son petit public captivé dans une série de mondes imaginaires. Son intervention est bénévole, après un «coup de cœur» pour Jardins Divers. Non contente de proposer cette lecture, elle a elle-même déposé des flyers dans le quartier, rameutant des mamans, dont certaines s’installent au fond avec leurs poussettes, et souvent plusieurs enfants. «J’ai été touchée par ce lieu parce qu’il est vraiment ouvert à tout le monde. Je ne connais pas d’équivalent en matière de mixité sociale. Tous les endroits conservent des formes de préjugés… Même dans une bibliothèque, les gens ne peuvent pas faire autant de choses.»

Effectivement, pendant la lecture, dans un autre coin, autour de tables garnies de plantes, deux hommes lisent, pianotent sur leur téléphone, tout à leurs affaires. Benoît*, 72 ans, vit et travaille au centre de Lausanne comme […]