Le souci écologique n’est pas nouveau. De nombreuses ONG, comme Green Peace ou le WWF, pour les plus grosses, Les amis de la Terre ou Générations futures, Alternatiba, pour les plus petites, le portent depuis des années, avec parfois des actions spectaculaires. Face à l’urgence climatique, nous assistons à un foisonnement associatif : Extinction Rébellion (2019), Les Sangliers radicalisés (2022) et Dernière rénovation (2022). Si les anciennes associations étaient jugées « radicales », certains estiment les nouvelles « ultra-radicalisées ».

Les actions d’aujourd’hui

Qu’elles s’attaquent aux symboles de la République, comme l’ANV-COP 21 qui a décroché une centaine de portraits du Président, aux multinationales (TotalÉnergies, HSBC) ou qu’elles perturbent des événements sportifs (Roland-Garros et le Tour de France 2022), la plupart de ces associations sont non-violentes et agissent à visage découvert (au contraire de L214). Alternatiba le dit explicitement : « pendant que nous construisons patiemment un monde plus juste et soutenable, d’autres appuient sur l’accélérateur de la destruction. Pour gagner la bataille du climat, nous devons les en empêcher ! Pointer du doigt, dénoncer, nous opposer, avec nos corps s’il le faut (…) C’est la seconde jambe sur laquelle nous marchons, celle de la résistance ». Les militants de ces associations s’engagent, reconnaissons-le, avec courage : malgré le risque de condamnations pénales, les peines de prison, les amendes, les insultes, les crachats et parfois même la violence à leur égard, comme celle dont faisait l’objet ceux qui défilaient avec Martin Luther King. Les actes « extrémistes » qu’ils posent, à l’image de ceux du pasteur baptiste, ont pour objectif d’interroger nos comportements, de mettre en lumière nos paradoxes. Au-delà des actions stricto sensu, qui ne sont que des châteaux de sable face à un raz de marée, discernons le sens, entendons leurs prières, leurs suppliques pour une terre durable, habitable pour nous et nos prochains.

La méthode d’hier et d’aujourd’hui

MLK a toujours été décrié par les institutions américaines et la majorité de ses concitoyens. Ses propos sur la discrimination, le racisme, comme ceux sur la pauvreté, l’emploi et encore plus ceux sur la guerre du Vietnam dérangeaient autant que ses actions : du boycott des bus à Montgomery à la marche sur Washington, en passant par celle de Selma… Alors même que King se revendiquait de Gandhi, formait les manifestants à la non-violence active et utilisait des formes d’actions non-violentes, sit-in, wade-in [dans les piscines], kneel-in [à genoux dans les églises], jail-in [les prisons], boycotts, défilés, celui-ci était considéré comme un « extrémiste ». Ne l’oublions jamais. Au point que lui-même en est venu à revendiquer le terme ! En 1963, alors qu’il était en prison, et que des ecclésiastiques lui demandaient de modérer sa parole et son action, il se présenta comme un « extrémiste de l’amour ».

Un appel à changer

La désobéissance civile pour les droits civiques a fait passer Martin Luther King pour un « extrémiste ». Qu’aurait-il fait pour défendre la Création ? Impossible à dire. La seule certitude, c’est qu’il aurait utilisé la non-violence active pour appeler au changement, en marquant les esprits. Comme ces associations « radicales » qui tentent de nous mener sur le chemin de la conversion.