Il est possible d’investir son argent dans des entreprises qui correspondent aux valeurs sociales et morales chrétiennes, et cette perspective fait de plus en plus d’adeptes. Protestants et catholiques peuvent ainsi placer leur argent dans des fonds d’investissement socialement responsables (ISR) créés par des communautés de croyants.

Le média Le Revenu cite le juriste Antoine Cuny de la Verryère, spécialisé en droit bancaire et financier, pour expliquer les principes de la finance chrétienne. L’auteur du livre Finance chrétienne explique que les fonds ou les assurances-vie spécialisées promettent aux investisseurs de respecter, avec l’argent placé, « la protection de la vie des plus faibles » et de proscrire les « comportements immoraux comme la pornographie, l’alcool, la vente d’armes ».

Ces fonds refusent donc, par exemple, de financer les entreprises à énergie fossile, comme le recommande la Conférence des évêques de France catholique pour participer à la protection de l’environnement. Ils excluent aussi généralement le financement de laboratoires qui produisent des contraceptifs ou des pilules abortives.

Un marché marginal

Mais les produits chrétiens accordent aussi une importance particulière à l’engagement des entreprises, notamment sa politique salariale et son action sociale. Cité par Le Revenu, un catholique pratiquant a par exemple choisi d’investir 3000 euros dans Kaori.vie, l’assurance-vie du Secours catholique. D’autres investisseurs sont institutionnels, comme des congrégations religieuses ou des diocèses.

La finance chrétienne prend racine dans les communautés protestantes, dès le XIXe siècle. Les mouvements quakers et méthodistes interdisaient alors à leurs membres d’investir dans des activités liées à l’armement, l’alcool ou le tabac.

Un marché restreint

En 1928, aux États-Unis, l’investisseur Philip L. Carret a créé le premier fonds d’investissement socialement responsable, le Pioneer Fund. La religieuse catholique Nicole Reille a par la suite été une pionnière en France, en fondant l’association Éthique et Investissement en 1983. Enfin, la crise des subprimes, en 2008, a mis au jour des pratiques financières peu scrupuleuses et a contribué à développer une finance plus éthique.

En 2021, l’Observatoire des fonds d’éthique chrétienne recensait ainsi 13 fonds d’investissement d’au moins 20 millions d’euros d’encours, se référant à l’éthique chrétienne. Bien que ces fonds prospèrent, le marché est restreint en comparaison de la finance islamique. Ces transactions et produits financiers, qui doivent se conformer à la loi coranique, sont aujourd’hui en plein essor dans les pays arabes. Financial Afrik, un journal panafricain d’information financière, indique qu’en Algérie, les dépôts bancaires liés à la finance islamique sont passés de 22 milliards de dinars fin 2021 à 594 milliards fin 2022.