Une approche peu diplomate. Le nouvel ambassadeur des États-Unis en France, arrivé en juillet seulement, a fustigé la politique de la France en matière de lutte contre l’antisémitisme dans un courrier adressé au président français et divulgué à la presse dimanche 24 août.
Charles Kushner, également père du gendre de Donald Trump, a exprimé dans cette lettre sa « profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante de votre gouvernement pour le combattre », rapporte Le Monde.
Une « absence d’actions suffisantes » du gouvernement contre l’antisémitisme
Rappelant le « 81e anniversaire de la libération de Paris par les Alliés, mettant fin à la déportation des juifs en France », le 25 août, l’émissaire des États-Unis a déploré une « déferlante » antisémite. « Il ne se passe pas un jour en France sans que des juifs soient agressés dans les rues, des synagogues et des écoles dégradées, et des entreprises appartenant à des Juifs vandalisées », a détaillé Charles Kushner.
L’ambassadeur a ainsi appelé Emmanuel Macron à « faire appliquer les lois relatives aux crimes de haine, et ce sans exception », à « garantir la sécurité des écoles, des synagogues et des entreprises juives », ainsi qu’à « poursuivre en justice les malfaiteurs avec toute la rigueur du droit » et à « abandonner les initiatives qui servent à légitimer le Hamas et ses alliés ».
Dans la lignée de Netanyahou
L’envoyé de la Maison-Blanche, pour qui « l’antisionisme, c’est l’antisémitisme », s’est également insurgé contre la démarche de reconnaissance de l’État de Palestine par la France, estimant que les « gestes en reconnaissance d’un État palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France ».
Une déclaration qui s’aligne avec la lettre envoyée au président français par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, quelques jours plus tôt. Celui-ci y fustigeait la décision de la France de reconnaître la Palestine, arguant que « cela récompense la terreur du Hamas, renforce le refus du Hamas de libérer les otages, encourage ceux qui menacent les juifs français et favorise la haine des juifs qui rôde désormais dans vos rues ».
Des accusations auxquelles l’Élysée avait réagi, déclarant cette manière de penser comme étant « erronée » et « abjecte ». Face à la missive envoyée par Charles Kushner, le Quai d’Orsay a indiqué dans une communication diffusée sur X, réfuter « fermement » les dires de l’ambassadeur des États-Unis. « Les allégations de l’ambassadeur sont inacceptables. Elles vont à l’encontre du droit international, en particulier du devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures des États prévu par la Convention de Vienne de 1961 qui régit les relations diplomatiques », précise par ailleurs le ministère des Affaires étrangères, qui a également affirmé avoir convoqué Charles Kushner lundi 25 août.
Une montée de l’antisémitisme en France ?
« La montée des actes antisémites en France depuis le 7 octobre 2023 est une réalité que nous déplorons et sur laquelle les autorités françaises font preuve d’une mobilisation totale, tant ces actes sont intolérables », a par ailleurs tenu à souligner le ministère.
Les Assises de lutte contre l’antisémitisme s’étaient alarmées d’une hausse des actes antisémites ces deux dernières années, lors d’un rapport remis le 28 avril dernier au gouvernement. En 2024, l’instance a ainsi recensé 1 570 actes ayant donné lieu à un dépôt de plainte, et 1 676 en 2023. En 2022, 436 actes avaient été dénombrés, relate le site Vie-publique.fr.