Jésus affirme : « Ainsi donc, tout spécialiste des Écritures qui devient disciple du royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes 1 . » Nous voici invités à devenir disciples et non plus savants, à conjuguer nouveau et ancien. Alors, choisissons de voir l’ancrage spirituel comme un trésor, un réservoir de sens dans lequel puiser pour vivifier nos actions diaconales, et appuyons-nous sur les grands principes du protestantisme (voir encadré). Ces affirmations « historiques » sont constamment réinterprétées par chaque courant de pensée du protestantisme. C’est ce travail que les conseils d’administration de nos associations sont encore invités à faire aujourd’hui pour se ressourcer, renouer avec leurs racines, se projeter dans l’avenir.
L’exemple de la grâce seule
Hériter de la grâce seule a inspiré les visions d’accueil large et inconditionnel de bon nombre de nos engagements, mais aussi notre façon de nous regarder et de regarder les autres. Parce que nous sommes sauvés par la pure grâce de Dieu, nous sommes autorisés à vivre avec nous-même, et les autres, une relation apaisée et bienveillante, assumée et volontaire. La gratuité des relations est posée : elle échappe à l’évaluation, la comparaison, elle libère. Elle apprend à voir et à se réjouir de ce qui est donné, à croire en un avenir meilleur en dépit des apparences, à considérer l’échec comme une occasion de rebond plutôt qu’une menace. Relisons nos histoires et nos façons de vivre la diaconie, discernons-y la trace laissée par ces affirmations afin de nous recentrer pour « mieux » changer sans perdre notre âme.
L’ancrage protestant nous tire vers l’avant
« Ainsi, nous qui avons trouvé un refuge en lui, nous sommes grandement encouragés à saisir avec fermeté l’espérance qui nous est proposée. Cette espérance est pour nous comme l’ancre de notre vie. Elle est sûre et solide, et elle pénètre à travers le rideau du temple céleste, jusque dans le sanctuaire intérieur. C’est là que Jésus est entré avant nous et pour nous2 . » Christ nous a rejoints et devancés, il n’y a pas d’autre lieu pour le rencontrer que le visage des plus petits de nos frères et sœurs. Nous ne sommes plus seuls, mais avec lui. Le royaume de Dieu est imparfaitement présent, mais présent malgré tout à travers ses disciples qui, aux prises avec le monde, s’engagent dans une lutte pour faire triompher la vie. C’est le défi auquel chaque génération est confrontée. Sommes-nous prêts à le relever ?
Anne Faisandier, pasteure de l’EPUdF à Marseille
À Dieu seul la gloire : rien n’est sacré en dehors de Dieu lui-même. Chacun est libre de croire ou non.
La grâce seule : la valeur d’une personne est inestimable, elle ne dépend pas de ses qualités, de son mérite, de son statut social.
La foi, au jour le jour : elle est offerte par Dieu en Christ, sans condition, à tout être humain. Croire, c’est espérer, avoir confiance en Dieu.
La Bible seule fait autorité : son étude est nécessaire pour une vie de foi. Elle est comme un guide qui donne les principes généraux.
Se réformer sans cesse : les organisations sont des réalités humaines, faillibles ; elles doivent inlassablement porter un regard critique sur leur propre fonctionnement.
Le sacerdoce universel : il appartient à chaque chrétien de lire sa Bible, prier, bâtir ses propres convictions, puis s’engager dans le monde.