Au IIIe siècle, dans une société païenne et saturée d’idoles, Tertullien affirmait: «On ne naît pas chrétien, on le devient.» Au XVIe siècle, après des décennies d’obscurantisme et de domination religieuse, Erasme affirmait: «On ne naît pas humain, on le devient.» Au XXe siècle, après des millénaires de domination patriarcale, Simone de Beauvoir écrivait: «On ne naît pas femme, on le devient.» Aujourd’hui, après des années de déconstruction des modèles et des repères anciens, on pense: «On ne naît ni chrétien, ni homme, ni femme et on ne sait pas qui on va devenir…»

Ce qui me frappe, c’est que l’on a voulu à chaque époque s’affranchir d’un modèle dominant pour tenter de devenir davantage soi-même. Les siècles et les générations passent, mais la question «Qui suis-je?» reste la plus essentielle, la plus personnelle et la plus universelle. Répondre à ce questionnement ne peut se faire sans tenir compte du lieu, de l’époque, de la famille et de la culture dans lesquels on vit et on a grandi. On ne devient pas qui on est tout seul et pourtant cela reste une quête, et une réalisation personnelle. En s’inspirant de Jung, on peut appeler cela notre chemin d’individuation. En s’inspirant du message et de la vie de Jésus, on peut appeler cela notre chemin d’humanisation et de divinisation. L’un ne pouvant se réaliser pleinement sans l’autre.

Dans la pluralité des voies actuelles vers la connaissance de soi, la singularité du chemin que Jésus ouvre est celle d’une […]