Depuis une semaine, le Royaume-Uni est en proie à des émeutes xénophobes d’extrême droite. Mardi 6 août, près de 400 suspects ont été interpellés et une centaine déjà inculpés. Le Premier ministre Keir Starmer, qui a autrefois dirigé le parquet en Angleterre et au Pays de Galles, s’attend à des peines « lourdes », explique BFMTV. « Ce qui enverrait un message très puissant à quiconque est impliqué, que ce soit directement ou en ligne », a-t-il ajouté. En attendant, ce mercredi, de nouvelles manifestations sont attendues dans une trentaine de villes britanniques. La police londonienne promet d’utiliser « tous les pouvoirs, toutes les tactiques et tous les outils » pour protéger la capitale. Dans tout le pays, quelque 6 000 agents seront mobilisés, ajoute la chaîne d’information en continu.
Cette fois, les rassemblements pourraient cibler des cabinets d’avocats spécialisés en droits des étrangers. Si bien que des médias britanniques affirment que la police a recommandé aux avocats de télétravailler. Jusque-là, les militants d’extrême droite s’en prenaient à des mosquées, des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ou des commerçants identifiés comme étant musulmans ou non-blancs. Le racisme, la xénophobie et l’islamophobie sont bien le moteur des nombreuses manifestations organisées dans le Royaume-Uni depuis le 30 juillet.
Une campagne de dénigrement en ligne
Les émeutes ont éclaté à la suite d’une attaque au couteau à Southport, lors de laquelle trois fillettes ont été tuées. Le drame a donné lieu à une flambée de rumeurs et de désinformation sur les réseaux sociaux sur la religion et l’origine du suspect âgé de 17 ans et désigné à tort comme musulman. Le groupuscule d’extrême droite English Defence League (EDL) a mené une campagne de dénigrement en ligne, forçant les autorités à révéler l’identité du suspect arrêté : Axel Rudakubana, né au Pays de Galles de parents originaires du Rwanda.
Le fondateur de l’EDL, Tommy Robinson, a largement utilisé X pour lancer des appels aux manifestations, tout en alimentant ses 900 000 abonnés de fausses informations. Définitivement banni de Twitter en 2018, il avait été réintégré en novembre dernier par Elon Musk.
« La haine et la division »
À propos de ce mercredi, « nous sommes au courant d’événements prévus par des groupes qui sèment la haine et la division », a déclaré dans un communiqué le commissaire adjoint Andy Valentine, responsable des opérations de maintien de l’ordre à Londres.
Depuis, les émeutes sont telles que 120 policiers ont été blessés. Le Royaume-Uni n’avait pas connu une telle phase de violences depuis 2011 et la mort d’un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres.