Si la part du travail invisible recule peu à peu, le concept né au Canada fait de plus en plus parler de lui. Des décisions de justice n’y sont pas pour rien. Comme la journée mondiale qui lui est consacrée depuis 2 000. Elle tombe d’ailleurs chaque 1er avril, précise Elle. Une drôle de date pour un sujet aussi sérieux. L’Association féminine d’éducation et d’action sociale (Afeas) qualifie de travail invisible les tâches réalisées sans rémunération ou sous-rémunérées. Il peut s’agir du “travail effectué au sein de la famille, comme les tâches domestiques et les soins aux personnes”, comme des interventions des aidants auprès de proches malades ou âgés. Le travail effectué au sein de l’entreprise familiale est également pris en compte s’il est mal payé voire pas.
Il en va de même pour les stages et le bénévolat, même si le travail invisible concerne le plus souvent les tâches accomplies dans la sphère familiale. Généralement, à ce titre, il concerne le plus souvent les femmes. Lorsqu’il s’agit de ménage, de l’organisation de la vie familiale, mais aussi de l’aide aux devoirs ou de soutien psychologique et émotionnel, elles sont encore plus actives que les hommes. Des activités quasi sans fin, source d’une lourde charge mentale.
Les Françaises pas épargnées
Hors de la maison, le travail invisible gratuit permet d’assurer le bon fonctionnement d’entreprises privées, d’institutions publiques voire de gouvernements, selon le mensuel. Nécessaire et efficace, le travail invisible n’est pourtant pas pris en compte dans le calcul du produit intérieur brut (PIB). Alors que selon le site américain Salary, il aurait dû être rémunéré à hauteur de 184 820 $ (168 822 euros) par an, soit plus de 15 000 $ (13 702 euros) par mois, en 2020 et 2021.
Malgré certains progrès, les Françaises n’échappent pas au travail invisible. Une étude de l’Insee réalisée en 2010, estimait à 71 % la part des femmes actives ou pas, s’occupant des tâches ménagères. Elles étaient alors 65 % à s’occuper des enfants en plus du reste. Le travail invisible leur prenait alors en moyenne 3 h 26 par jour, contre 2 h pour les hommes. Si bien que sur une année, les femmes travaillent 13 semaines et 40 heures de plus que les hommes.
Une femme indemnisée
Si vingt-trois ans plus tard les habitudes changent, les inégalités liées au travail invisible restent très importantes. Celles-ci peuvent avoir des conséquences particulièrement graves. À cause d’elles, les femmes risquent davantage que les hommes de se retrouver en situation de précarité. Une situation susceptible de durer toute leur vie, en raison du temps passé à travailler gratuitement.
Heureusement, les choses changent. En Espagne, une femme a été indemnisée à hauteur de 200 000 euros pour compenser vingt-cinq ans de travail invisible au sein du foyer conjugal. Une victoire symbolique, qui pourrait participer à la reconnaissance du travail invisible.