Rester chez soi ou intégrer un Ehpad, se préparer à quitter son chez soi, trouver le relationnel nécessaire dans un nouveau lieu, les enjeux sont multiples au seuil des 80 ans…

Tant que la vigueur et les occupations éclipsent ce qui nous rapproche de la fin de notre expérience terrestre, la vieillesse nous semble bien loin et n’occupe finalement que peu d’espace dans notre réflexion,

Envisager la vieillesse commence pourtant à s’imposer lorsqu’à 60 ans par exemple, la carte senior de la SNCF vous indique que vous basculez dans cette catégorie dont vous avez encore du mal à imaginer que vous y glissez tranquillement ! C’est mon cas … La perspective de la retraite présente des avantages en termes de liberté de son emploi du temps. Lorsque la vie professionnelle commence à peser trop lourd à cause de tensions ou de la fatigue, envisager la retraite peut être un soulagement ! Puis la liberté de se consacrer à ce qui vous intéresse plus particulièrement donne du sens à cette nouvelle étape du parcours. Pour bien vieillir, disent les revues spécialisées, il est conseillé de prendre soin de soi, de sa santé avec une hygiène de vie adaptée, puis de se rendre utile auprès des siens ou d’une association et de cultiver ses relations… Mais ce qui m’intéresse ici est la période où je ne pourrai plus faire face seul, lorsque je deviendrai plus dépendant des autres.

Une vie plus exiguë

La fonction d’aumônier dans la Fondation Diaconesses de Reuilly nous conduit vers des personnes plutôt âgées, que ce soit à l’hôpital pour des problèmes de santé ou dans les maisons de retraite pour des femmes et des hommes de moins en moins autonomes. Notre regard sur la vieillesse se nourrit du propos de ces patients ou résidents que nous accompagnons. Ce qui me frappe surtout est la question de l’acceptation. Je me dis que je devrais déjà m’y entraîner même si je n’ai que 61 ans.

Vieillir, c’est accepter de diminuer, de dépendre de plus en plus des autres, de devoir réduire son espace et ses projets. Car si la volonté est toujours là, disent les anciens, l’énergie n’y est plus.

Nous sommes parfois les témoins de cette étape, lorsqu’une personne déménage du lieu de son histoire pour aller vers un établissement spécialisé comme un Ehpad.

Les choses se compliquent généralement lors de ce passage à une vie plus exiguë, dans une vingtaine de mètres carrés avec les quelques affaires que vous avez pu sauver. Ceci se vit en moyenne à l’âge de 85 ans. Effectivement, avec une autonomie qui se réduit peu à peu, et souvent aussi avec le souhait de ne pas être un poids pour la famille, les personnes font ce choix de rentrer dans une structure adaptée.

S’impose alors un long chemin d’acceptation de cette réduction d’espace et de possibles, pour inventer une autre vie dans ce contexte. Accepter son âge, accepter la vieillesse dépend entre autres de l’image que nous en avons. Entre ceux qui mettent en avant l’idée que la vieillesse serait un naufrage et ces personnes âgées apaisées, souriantes, qui par leur façon d’être vous donnent le sentiment qu’elles sont encore bien vivantes, nous avons le choix!

Quel est notre rapport au temps qui passe? Nous n’avons plus vingt ans ni même quarante ou soixante, nous avons notre âge et notre histoire avec toutes ses expériences et ses émotions. En somme, tout un bagage qui éclaire notre regard, notre réflexion dans le […]