« Le silence des féministes » est le reproche qui revient régulièrement dans les médias depuis l’attaque du 7 octobre par le Hamas. Certaines personnalités comme la rabbine Delphine Horvilleur ou l’autrice féministe Sarah Barukh, déplorent un manque de prise de parole des mouvements féministes sur les viols que le Hamas aurait commis.
Dans un article paru le 5 décembre, Libération rapporte notamment les propos d’un responsable américain sur ces violences sexuelles. Il estime que la reconduite de la trêve à Gaza a échoué en partie parce que le Hamas aurait voulu faire taire les femmes retenues otages. Ils redouteraient que ces femmes témoignent de violences sexuelles, dont elles auraient été victimes en détention.
À la fin du mois d’octobre, une vidéo est parue, avec le témoignage d’une soldate affirmant avoir vu des preuves de viols de femmes. Des récits de soldats similaires ont été relayés dans les semaines suivantes. Israël a annoncé l’ouverture d’une enquête sur ces possibles viols, après le 7 octobre.
La Fondation des Femmes, mobilisée
Face à ces soupçons sont de plus en plus forts, quelle est vraiment la réaction des féministes ? Franceinfo a mené l’enquête et estime qu’il n’est pas possible de parler « du silence des féministes » de façon générale, car les organisations et les militantes n’ont pas toutes le même positionnement.
Le 10 novembre, la Fondation des Femmes a publié un message clair sur le réseau social X (ex-Twitter). Elle « condamne sans réserve les crimes sexuels commis par le Hamas, à la suite des attaques terroristes du 7 octobre dernier, dont les témoignages commencent à émerger. Elle exprime sa solidarité la plus totale à l’égard des victimes et de leurs proches. »
L’ONG française We are not weapons of war (Nous ne sommes pas des armes de guerre) a, elle, commencé à recenser les viols du Hamas pour les documenter et les dénoncer. Puis, le 22 novembre, la députée écologiste Sandrine Rousseau, très engagée dans les causes féministes, a publié sur X : « Le Hamas s’est rendu coupable (entre autres) de féminicides de masse et de viols d’une cruauté particulière. »
Des positionnements plus indirects
Mais franceinfo observe que les condamnations ne sont pas toutes claires. L’ONU Femmes affirmait, pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, être « toujours alarmée par les récits de violences basées sur le genre le 7 octobre et appelle à une enquête rigoureuse ».
De son côté, le collectif Nous Toutes s’est beaucoup exprimé pour un appel au cessez-le-feu à Gaza et a dénoncé le viol comme crime de guerre. Mais il n’a pas mentionné directement les femmes israéliennes qui auraient pu être victimes des violences sexuelles de membres du Hamas.
Les critiques sont tombées en masse, et le collectif a finalement déclaré dans un communiqué conjoint avec la Relève féministe, le Conseil national pour les droits des femmes, la CGT, et Solidaires et FSU : « Nous condamnons sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants. »