Après le scandale des eaux en bouteille contaminées, des chercheurs ont trouvé des quantités importantes de microplastiques dans les cours d’eau naturels d’Europe. Un constat sans appel, confirmé par le bilan des résultats de la campagne de prélèvements de la Fondation Tara Océans. Cette mission, menée en 2019, a notamment permis de déceler la présence d’une moyenne de trois microplastiques (détectables à l’œil nu) dans tous les fleuves observés, rapporte Le Figaro. Plus encore, la majorité des cours d’eau sont remplis de particules de plastiques d’une taille inférieure à 0,5 millimètre, et donc difficilement observables.

Avec l’appui de ces résultats publiés dans la revue spécialisé Environmental Science and Pollution Research lundi 7 avril, les chercheurs se disent inquiets et qualifient la concentration de microplastiques dans les fleuves et rivières européens d’”alarmante”. Comme l’explique le directeur scientifique du programme de recherche : “Nos résultats prouvent qu’aucun fleuve d’Europe n’est épargné par cette pollution diffuse, même si elle demeure dix fois moins élevée que dans certains grands fleuves d’Afrique ou d’Asie. On ne s’y attendait pas du tout.”

Des particules plus petites qu’un grain de riz

Pour arriver à ces conclusions, la Fondation Tara Océan a mené une campagne de prélèvement sur six mois, de mai à novembre 2019, sur un total de 45 sites. Près de 2700 échantillons ont été réalisés aux embouchures des cours d’eau européens les plus connus comme la Tamise, l’Elbe, le Rhin, la Seine, l’Èbre, le Rhône, le Tibre ou encore la Loire. Pour procéder au prélèvement, les équipes de chercheurs laissaient dériver un filet « manta » aux mailles très fines permettant de récupérer les résidus, comme l’explique la source. Afin d’assurer le prélèvement de chaque particule, puis le stockage et l’analyse, une quarantaine de chercheurs issus de seize laboratoires différents ont ainsi participé à cette mission.

Outre le constat alarmant du résultat des prélèvements, la mission Tara a permis de révéler que la concentration des plus petits fragments de microplastiques (moins de 0,5 mm) est en moyenne 35 fois supérieure à celle des “grands”, voire 1 000 fois supérieure sur certains sites, souligne Le Figaro. De plus, les chercheurs ont démontré que les microplastiques peuvent s’agréger à d’autres types de polluants comme les pesticides ou les métaux lourds – des éléments présents en grande quantité dans les rivières.

Une autre inquiétude dans ce bilan vient du manque d’action des dirigeants mondiaux sur la pollution plastique et la pollution de l’eau. Henri Bourgeois Costa, expert à la Fondation Tara, explique au Figaro que les résultats de la mission Tara “démontre le caractère vain des projets de nettoyage des océans”. Une déclaration qui fait écho à l’échec de la signature d’un premier traité international contre la pollution plastique lors du sommet de Busan (Corée du Sud) en décembre 2024.