Le rapport parlementaire a fuité dans les médias, au grand dam de Marine Le Pen. Jeudi 1er juin, Mediapart et RMC ont dévoilé qu’un rapport de la commission d’enquête sur les ingérences étrangères soulignait des liens financiers et idéologiques entre le Rassemblement national et la Russie. En pleine invasion de l’Ukraine, l’enquête fait tache d’huile.

Depuis le début du conflit, le Rassemblement national tente de minimiser ses relations avec Vladimir Poutine, car de lourds soupçons pèsent depuis longtemps sur le parti.

Dans son rapport d’enquête, la commission parlementaire se concentre notamment sur les ingérences russes, explique france info. Elle cite Nathalie Loiseau, députée européenne, qui évoque l’extrême-droite comme un un circuit « privilégié par Moscou pour diffuser son influence en France ».

Des convergences entre le pouvoir russe et le parti français sur « un certain nombre de valeurs politiques et de questions géopolitiques » sont pointées. L’enquête souligne ainsi les contacts fréquents entre des responsables du RN et des responsables russes.

Des marques d’admiration

Dans ses prises de position, Marine Le Pen a un discours ambigu vis-à-vis de la Russie, selon le rapport. Pendant les élections présidentielles de 2022, une enquête des Décodeurs du Monde rappelait les multiples déclarations d’admiration de la candidate d’extrême-droite envers Vladimir Poutine. Elle refusait notamment de qualifier d’« illégale » l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

La présidente du Rassemblement national s’est rendue en Russie à au moins quatre reprises depuis 2013, et a été reçue par des figures importantes de la Douma, le parlement russe. En 2017, elle a été invitée à rencontrer officiellement Vladimir Poutine en personne, durant un échange qui a duré une heure et demie.

Au-delà des marques d’admiration, le RN a systématiquement défendu le régime russe, jusqu’à l’invasion de l’Ukraine. Il a voté, par l’intermédiaire de ses députés européens, contre les résolutions du Parlement qui condamnait les violations du droit international commise par Vladimir Poutine.

C’est l’invasion de l’Ukraine qui a finalement fait fléchir les élus RN : ils ont commencé à approuver, le 1er mars 2022, un paquet de sanctions mises en place par l’Union européenne.

Un prêt à une banque russe

Enfin, il faut rappeler que le Rassemblement national a bénéficié d’un soutien financier de la Russie, lorsque les banques françaises ont refusé ses demandes de prêt. En avril 2014, le microparti de Jean-Marie Le Pen, Cotelec, recevait un prêt de 2 millions d’euros d’une société offshore chypriote. Mediapart a révélé qu’elle était alimentée par des fonds russes et liée à un ancien agent du KGB.

La même année, le FN a contracté un prêt auprès de la banque russe First Czech Russian Bank, pour financer sa campagne aux élections régionales et départementales de 2015. Le parti a actuellement un crédit de 9, 4 millions d’euros à rembourser.

Mais, comme l’indique le rapport d’enquête parlementaire, ce prêt est aujourd’hui placé entre les mains de la société Aviazapchast, à la suite de la faillite de la banque russe. Son actionnaire est Valery Zakharenkov, un « oligarque russe réputé proche du Kremlin ». Il a fait plusieurs concessions au parti, comme le fait de toucher les amendes prévues pour un éventuel non-remboursement du prêt.