Aborder l’intime en milieu rural, c’est un pari à relever crescendo. Tout commence par la création d’un lieu sûr «pour échanger et apprendre qu’il est possible de parler de thématiques telles que les règles, les douleurs, les cicatrices d’épisiotomies, les incontinences urinaires, les cystites à répétition, les contrôles mammaires, les violences conjugales, la charge mentale…» explique la pasteure Maëlle Bader. Beaucoup de femmes se retrouvent dans ces thématiques et «il serait précieux pour chacune d’elles de savoir que nous ne sommes pas seules et que nous pouvons échanger en toute impudeur nos joies et nos difficultés.»
MEUF accueille des femmes de tous âges et aux sensibilités multiples quant aux questions féministes. «Certaines éprouvent le besoin de parler ‹entre nous›. D’autres souhaitent témoigner et faire évoluer les mentalités.» La jeune pasteure raconte que beaucoup de femmes n’imaginent pas bénéficier du même traitement que leurs homologues masculins ni même s’offrir les mêmes possibilités. A l’inverse, pour beaucoup d’hommes, les femmes sont considérées plutôt comme des personnes à protéger et dont les compétences se concentrent sur des sujets ménagers. MEUF est une invitation à refuser les clichés et à s’en émanciper. On ne réussit jamais seule.
MEUF fait son petit bout de chemin depuis deux ans. Entre collectif militantiste pour certaines, lieu de parole pour d’autres, il est aussi un espace de création, à l’instar de l’activité «couture au fil des règles». Proposer de coudre des serviettes hygiéniques ensemble, c’est donc «proposer de se retrouver un moment, de partager entre celles qui ont l’habitude de coudre, celles qui débutent, celles qui ont eu leurs règles depuis quarante ans, celles pour qui c’est une nouvelle expérience… Echanger à voix haute de nos flux, du choix des types de protections»… Un appel qui a trouvé un joli écho auprès de 22 femmes en 2021. En 2022, elles étaient 21 rejointes par deux hommes. Ces derniers sont aussi invités à […]