L’inclusivité divise. Au sein du protestantisme, ce concept théologique a pourtant été forgé pour réduire les exclusions vécues par certains groupes sociaux. Donc pour réunir. C’est d’ailleurs le mantra du christianisme : le message biblique s’adresse à chaque groupe et personne, quelle que soit sa catégorie sociale, d’âge, etc. Voilà pour la théorie. Mais c’est dans la pratique que naissent les divergences. Prenons le protestantisme romand. Au XIXe siècle, dans un contexte de sécularisme grandissant, ses Églises s’ouvrent à toutes et tous : il est possible de les fréquenter sans condition aucune. Une option qui s’oppose par exemple à l’évangélisme, « présent dès les années 1820 en Suisse romande, et pour qui le chrétien doit être un professant, adhérant explicitement à une profession de foi », précise Bernard Reymond, professeur honoraire de théologie pratique à la Faculté de théologie de Lausanne.
La position multitudiniste des réformés « est parfois discutée, mais jamais remise en question. Elle est partagée par la plupart des grandes Églises suisses. Elle signifie qu’aucune confession de foi ne s’applique au pasteur et aux fidèles », explique Sarah Scholl, historienne du christianisme et professeure associée à la faculté de théologie protestante de l’Université de Genève. Concrètement, les Églises protestantes, qu’elles soient séparées de l’État (comme l’Église de Genève dès 1907) ou Églises cantonales (Landeskirche), « agissent comme des […]