Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini était arrêtée en Iran par la police des mœurs pour ne pas avoir porté son voile de manière « appropriée ». Plusieurs témoins ont alors accusé la police d’avoir battu à mort la jeune femme. Trois jours après son décès, une vague de révolte est montée en Iran. Des centaines de femmes ont enlevé leur voile dans la rue, en signe de protestation, soutenues par des hommes.

Face à la politique extrêmement conservatrice des mollahs, cette révolte est historique mais elle a été violemment réprimée. Plus de 500 morts, 20 000 arrestations et de multiples exécutions sont recensées en un an.

Le mouvement, massif, a bien suscité un élan d’espoir partout dans le pays. Mais il a rapidement eu des conséquences violentes. Les peines de mort, dans le cadre de la répression, ont été appliquées à partir du mois de décembre 2022, comme le rappelle La Croix. Mohsen Shekari, jeune homme de 23 ans, a été pendu le 8 décembre, après avoir été accusé d’avoir blessé un milicien. Quatre personnes ont ensuite été exécutées entre décembre et janvier.

Peines de mort et empoisonnements

En février 2023, de nombreux détenus ont pourtant bénéficié d’une amnistie. Le guide suprême de la Révolution iranien, Ali Khamenei, a décidé de gracier une partie des 20 000 personnes qui avaient été arrêtées. Mais ces personnes ont dû signer un accord de repentance, et certains détenus n’ont pas pu accédé à la grâce car ils ont été condamnés pour espionnage, blessures intentionnelles, voire meurtres.

En mars 2023, comme l’indique La Croix, une affaire a bouleversé l’Iran. 5 000 élèves ont été victimes d’intoxications d’un gaz toxique dans plus de 200 écoles de filles à travers le pays. La cause de ces empoisonnements est inconnue, mais des groupes extrémistes musulmans, hostiles à l’éducation des filles, sont soupçonnés d’en être les auteurs.

Ces derniers mois, le régime des mollahs a resserré l’étau sur la population. Alors que la police des mœurs avait été dissoute en décembre 2022 dans un geste politique pour apaiser la colère des Iraniens, elle a été rétablie en juillet 2023. Le régime redoute que l’anniversaire du meurtre de Masha Amini ne conduise à de nouveaux mouvements de révolte.

Des appels au rassemblement

De fait, les appels aux rassemblements se sont multipliés sur les réseaux sociaux, à l’approche de cet anniversaire. Le régime a donc renforcé le dispositif sécuritaire dans les villes et recruté des « gardiens du voile » pour barrer la route aux femmes non voilées et aux activistes, relate RFI. Les autorités ont également multiplié les arrestations. Samedi 9 septembre, six personnes ont été placées en détention, soupçonnées d’organiser des manifestations pour les droits des femmes.

Face à cette situation de grande tension, certains anciens responsables gouvernementaux se sont montrés favorables à une ouverture du régime, pour ne pas mettre en danger le régime politique instauré par la Révolution islamique de 1979. Mais les conservateurs, qui contrôlent aujourd’hui le pouvoir, ne sont pas de cet avis.