Rudi aime la France, le pays des droits de l’homme, et ne comprend pas pourquoi tant d’obstacles lui barrent l’accès à l’université. « Les réfugiés ont le droit de travailler dans un restaurant, un hôtel ou le bâtiment, mais pas de reprendre leurs études. » Les écueils sont nombreux : demande d’admission préalable accessible uniquement pendant trois mois, Parcoursup pénalisant pour les étrangers, attestation de comparabilité des diplômes sans valeur, refus d’inscription réitérés… Quand Rudi est enfin accepté en licence à l’université Paris-II, il veut aider les autres pour qu’ils ne reproduisent pas ses erreurs.

L’UEE est la première association créée par et pour des étudiants exilés. Elle compte aujourd’hui onze salariés et une multitude de bénévoles, « des anciens bénéficiaires qui se sont engagés dans l’accompagnement, c’est un de nos principes : aujourd’hui on t’aide et demain tu vas aider les autres ». Chaque mois, plus de deux cents rendez-vous sont pris dans les petits locaux de la Maison des réfugiés. La communauté virtuelle compte 47 000 membres, dont plusieurs groupes afghans, arabes, francophones, anglais… L’UEE offre aux étudiants exilés un accès précieux à l’information dans leur langue (français, anglais, arabe, ukrainien ou dari), « pour que chacun connaisse ses droits pour reprendre des études » ; plusieurs permanences sont assurées à la Sorbonne, à Condorcet… mais aussi à Lille où une antenne vient d’ouvrir. Les étudiants bénéficient d’un accompagnement individuel. Chacun évalue son niveau de français, cerne ses compétences, choisit sa voie, la formation adéquate, l’université la plus adaptée, la procédure d’inscription. « Chacun ose rêver. »

Une fois inscrits, les étudiants bénéficient d’une aide à la réussite : binômes et tuteurs francophones pour expliquer les rudiments de la vie universitaire, activités socioculturelles pour s’intégrer, soutien psychologique, séances d’artthérapie, groupes de parole… L’UEE forme aussi les agents universitaires et assistants sociaux, et sensibilise les professeurs aux spécificités de l’accueil des étudiants « pour qu’ils ne décrochent pas et que l’équité soit assurée avec les étudiants français ».

L’association espère faire évoluer les politiques publiques pour que l’université soit un lieu d’accueil et d’inclusion des personnes exilées. En 2022, elle a ouvert les portes de l’université à sept cent cinquante étudiants, un peu partout en France. Un chiffre dérisoire pour Rudi Osman…