À Madagascar, le nouveau président doit être élu le 16 novembre 2023, dans un contexte de crise politique. Le président sortant, Andry Rajoelina, est candidat à sa réélection, et l’opposition dénonce une machination du pouvoir pour le favoriser dans la course présidentielle.
Mais ces conflits politiques sont loin d’être la principale préoccupation des Malgaches, d’après les experts. Dans The Conversation, Solofo Randrianja, enseignant-chercheur à l’Institut d’Études politiques de Madagascar, explique que les élections se dérouleront dans un contexte économique particulièrement difficile et un climat social explosif. Selon lui, Madagascar est un des seuls pays au monde à connaître une régression économique en continu, depuis plusieurs dizaines d’années, malgré l’absence de conflit sur son territoire.
Des veilles de nuit pour l’eau
La radio RFI se fait l’écho de cette crise économique et sociale en baladant son micro dans les rues de la capitale Antananarivo, de nuit. Sur les ondes, les habitants témoignent de leur quête pour obtenir les besoins les plus vitaux, comme des bidons d’eau. Madagascar figure au troisième rang mondial des pays où l’on manque le plus d’eau potable selon l’Unicef. Dans certaines régions, les femmes passeraient ainsi l’équivalent de 25 jours par an à chercher de l’eau.
À 2h50 du matin, au beau milieu de la capitale malgache, une vingtaine de personnes font la queue pour obtenir leur bidon, comme le raconte RFI. Jacqueline et ses voisins font partie des habitants du quartier qui passent la nuit devant la fontaine. Ils peuvent attendre certains soirs de 20h jusqu’au petit matin, et même repartir les mains vides. La journée ne laisse pas davantage de répit à ces habitants, qui doivent ensuite travailler, parfois sur les marchés, pour trouver de quoi manger.
Le manque d’engagement de l’État
Au micro de RFI, certains habitants sont donc perplexes quand on les interroge sur les élections. Ils ne connaissent pas les candidats et expliquent que leurs préoccupations ont bien changé depuis un an. La crise de l’eau a été provoquée, en grande partie, par des périodes de sécheresse très longues entre 2020 et 2022 dans le sud de Madagascar.
Ces catastrophes naturelles, accentuées par le réchauffement climatique, ont montré le manque d’implication de l’État pour répondre au problème des pénuries d’eau. François Métivier, professeur à l’Institut de physique du globe de Paris, explique que Madagascar souffre d’un manque de compétences techniques pour assainir l’eau, dans une interview à la Fondation de l’université Paris-Cité. Il estime que les directions régionales sont défaillantes dans leur gouvernance des ressources en eau.