Pour la rentrée 2023, le ministère de l’Éducation nationale va avoir affaire à un nouveau casse-tête. Plus de 3 100 postes n’ont pas été pourvus cette année à la suite des concours enseignants, selon les chiffres publiés par le Gouvernement jeudi 6 juillet.

Sur plus de 23 800 postes ouverts en 2023 dans le public, 3 163 n’ont pas été pourvus, dont 1 848 dans le second degré, au collège et au lycée, détaille Le Parisien. Le ministère constate toutefois une amélioration du rendement des concours par rapport à l’année précédente. Car en 2022, plus de 4 000 postes n’avaient pas été pourvus après ceux-ci, selon les chiffres officiels, un niveau inédit. Cette année, le taux de postes au niveau national est de 84% en maternelle et en élémentaire, et de 86,3% dans les collèges et lycées.

Pour expliquer ce manque de postes pourvus, L’Étudiant a interrogé des intervenants en master MEEF, qui prépare au concours d’enseignant. Un certain nombre d’entre eux abandonnent avant même de passer le concours. En 2022, pour plus de 41 000 inscrits au concours de recrutement de professeurs des écoles, seuls 14 000 se sont présentés.

Des salaires trop bas

Une partie d’entre eux se rendent compte que le métier de prof n’est pas fait pour eux, ou qu’ils n’ont pas le niveau requis. D’autres préfèrent être recrutés en tant que contractuels car ils ne veulent pas subir le système des affectations nationales, et être envoyés dans des académies où les établissements sont davantage en difficulté.

Ce système d’affectation est une des nombreuses raisons qui rendent le métier de prof peu attractif pour les jeunes. Les syndicats d’enseignants dénoncent les faibles salaires, qui sont parmi les plus bas d’Europe.

Pour exemple, un professeur débutant en France gagnait 31 395 euros brut par an en 2021, contre 42 902 euros brut en Espagne. Même si le ministère de l’Éducation nationale a promis d’augmenter les salaires des débutants, ces salaires augmenteront peu au cours de leur carrière. Un professeur au sommet de l’échelle gagnait un salaire annuel de 53 879 euros brut en 2021, alors qu’il gagnait 61 103 euros brut en Espagne.

Des conditions de travail dégradées

Les conditions de travail des professeurs se sont également dégradées, comme le dénoncent les syndicats d’enseignants. Selon un rapport du Sénat publié sur la question en 2021, les enseignants passent plus de temps que leurs homologues européens à enseigner, et les problèmes disciplinaires sont particulièrement prégnants en France.

Les classes sont très chargées, avec une moyenne de 19 enfants chacune en élémentaire. Beaucoup de professeurs soulignent aussi le manque d’intérêt des élèves, et des relations souvent tendues avec les parents. Enfin, le métier de professeur a aujourd’hui une image dégradée, véhiculée par les médias et l’opinion publique.