Toute obligation légale comporte un risque, celui de passer à côté de certains besoins essentiels. D’ailleurs, quels sont-ils, ces besoins essentiels, pour une personne accompagnée en établissement ?

Répondre aux besoins de chaque personne

Nous en avons une idée, nous, acteurs du médico-social. Nous pensons, élaborons, organisons différentes prestations : hébergement, soin et bien-être, activités, loisirs… En cela, nous essayons de répondre aux besoins de chaque personne accompagnée.

Le projet personnalisé permet à la personne accompagnée de définir des prestations qui lui sont spécifiques, satisfont ses besoins singuliers, ce qui est important, essentiel pour elle.

Dans le processus du projet individualisé, le recueil de la parole de la personne, de son avis, de ses choix, constitue la première étape. Une étape primordiale, puisqu’elle définit le projet et donne son orientation à l’accompagnement. Mais comment se passe ce recueil de la parole entre la personne et le professionnel ?

Comment se déroule cet échange ? S’agit-il d’un entretien formel ? Où et quand a-t-il lieu ? Combien de temps l’accompagnant y consacre-t-il ? Comment les questions sont-elles posées ? La personne concernée saisit-elle les enjeux ? Qui mène l’entretien : la personne qui lui fait sa toilette ? celle qui joue au foot avec elle ? Celle qui l’accompagne chez son médecin ? Le résident peut-il s’autoriser à dire qu’il ne veut plus faire cette activité que son référent assure depuis dix ans ? Se sent-il autorisé à dire qu’il souhaite dormir avec son amie ? Peut-il exprimer un désir autre que celui attendu par sa famille ? A-t-il la possibilité de verbaliser ses craintes, ses peurs, ses réticences ?

Allier la liberté de la personne et les contraintes de l’institution

L’essentiel de la personne accompagnée n’obéit peut-être pas au « politiquement correct » et met dans l’embarras l’éducateur et l’institution, parce qu’il n’existe pas toujours de réponse à ses demandes. Écouter « vraiment » n’a rien d’évident. Cela requiert un discernement des zones sensibles entre liberté individuelle et contraintes de l’institution. La vie d’une personne en établissement se structure autour de nonchoix, de contraintes liées à la collectivité, attachées à des limites physiques, psychiques, intellectuelles…

Au-delà de la mise en place et de la révision annuelle du projet personnalisé, il s’agit de s’exercer au quotidien à questionner le choix de la personne, à s’intéresser à ce qui est important pour elle, aujourd’hui, en partant du principe qu’elle est imprévisible et susceptible de changer d’avis.

Grâce aux questionnements du professionnel, le résident pourra choisir sa confiture ou son fromage, décider de prendre sa douche le soir plutôt que le matin, arrêter une activité qu’il pratique depuis des années.

Les établissements ont une piste à creuser : promouvoir au quotidien une posture humble, une écoute et une réceptivité constantes au bénéfice d’un accompagnement au plus près des besoins essentiels de la personne.

Par Martine Sémété, ancienne directrice adjointe dans un foyer d’accueil médicalisé de Seine-et-Marne