L’Allemagne de nouveau meurtrie. Deux mois après l’attentat du marché de Noël de Magdebourg qui avait fait un mort et près de 299 blessés, une nouvelle attaque à la voiture-bélier a eu lieu, cette fois-ci à Munich. Selon les autorités de la ville, vingt-huit personnes ont été blessées par le véhicule, dont plusieurs “grièvement”. Un porte-parole des pompiers locaux a affirmé que “certains [étaient] en danger de mort”, rapporte Le Monde avec l’AFP.
Les faits se sont produits jeudi 13 février dans la matinée. Vers 10h30, l’homme au volant du véhicule s’est approché de l’arrière d’un cortège de manifestations des agents de la fonction publique. Il a alors doublé une voiture de police qui fermait la marche et foncé sur les manifestants. D’après le récit d’une étudiante témoin de la scène à l’AFP, le conducteur « a percuté les gens et emporté une quinzaine de personnes ». Elle ajoute : « il n’a pas eu énormément de temps pour accélérer, mais il allait à coup sûr à 50 ou 60 km/h, peut-être 80 ».
Un probable attentat
Toujours selon la police, le conducteur de la voiture “est un homme de 24 ans, de nationalité afghane”. Demandeur d’asile en Allemagne, il était « connu des services de police », pour des délits de vols et liés à des produits stupéfiants. Devant ces révélations, la classe politique allemande s’est divisée sur le sujet de la nationalité du suspect. “À nouveau un jeune homme originaire d’Afghanistan. La réponse ne peut être que celle-ci : l’État de droit doit faire preuve d’une fermeté maximale”, a réagi la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser. Une déclaration en référence à l’attaque au couteau d’Aschaffenbourg, fin janvier, qui avait fait deux morts dont un petit garçon de deux ans. Un meurtre commis par un ressortissant afghan.
Pour l’heure, la piste de l’attentat terroriste n’est pas écartée. La police parle d’ailleurs d’ « indices d’un contexte extrémiste » même si le ministre bavarois de l’Intérieur tempère sur la situation et affirme qu’il est encore “trop tôt” pour le dire. Cela n’a pas empêché Nancy Faeser de poursuivre les spéculations. Elle rappelle que l’Allemagne est “le seul État en Europe à expulser à nouveau vers l’Afghanistan malgré le règne des talibans” et ajoute : « ceux qui viennent dans notre pays et commettent des crimes doivent être sévèrement punis et ensuite expulsés, même dans des pays difficiles. » Un discours soutenu par le Chancelier Olaf Scholz, qui a déclaré que “ce criminel ne peut pas compter sur une quelconque clémence. Il doit être puni et doit quitter le pays ».
Comme le rappelle France Info, cette attaque intervient dans un contexte politique tendu. En effet, l’Allemagne s’apprête à retrouver la voie des urnes d’ici deux semaines à l’occasion des élections législatives anticipées qui font suite à la censure du Parlement envers le Chancelier. Ce dernier pourrait d’ailleurs perdre sa place à l’issue du scrutin au profit d’un regain en force de l’extrême droite et des conservateurs à la tête du pays. Selon les derniers sondages, l’extrême droite pourrait plus que doubler son score de 2021 à plus de 20%. Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) est en deuxième position dans les sondages pour le scrutin législatif avec 20% des intentions de vote, derrière les conservateurs (30%).