Plus de 7 500 migrants sont arrivés sur la petite île de Lampedusa, en Italie, les 11 et 12 septembre derniers. Du jamais-vu depuis 2011, selon Le Figaro. Un flux suivi de nouvelles arrivées durant la semaine, faisant passer à quelque 10 000 le nombre de migrants débarqués en une semaine, selon les chiffres de la Croix-Rouge. Autour d’eux, les habitants, mais également des touristes. Si, jusque-là, les uns et les autres se sont cotisés pour offrir ne serait qu’un repas aux migrants, la situation a évolué samedi 16 septembre.

Ce matin-là, des habitants ont manifesté. Ils ont bloqué un camion de l’association d’aide humanitaire française. Un mouvement lié à une information selon laquelle les autorités réfléchissent à transformer une ex-base militaire américaine située dans l’ouest de l’île en un camp. D’ailleurs, du matériel permettant d’accueillir 7 000 personnes serait en train d’être acheminé.

Des dizaines de mineurs isolés

Or, le flot d’arrivées a submergé l’île, dont le centre de rétention dispose d’une capacité de 400 places. Ses abords se sont transformés en un camp. Dimanche, avec 2 500 personnes, la situation était, selon Francesca Basile, la responsable migration de la Croix-Rouge italienne, tendue, mais encore “sous contrôle”. Mais les mineurs isolés posent problème. “Il y en a plusieurs dizaines à Lampedusa. Ils devraient être les premiers à quitter le hot spot, où les migrants sont supposés ne rester que quelques jours, et ils sont ceux qui partent en dernier, car on manque de place pour eux”, explique Giovanna di Benedetto, porte-parole de l’ONG Save the Children.

Pour faire face à l’urgence, des navires italiens ont apporté des tonnes d’eau et de nourriture ainsi que des vêtements. Mais pas pour tout le monde, précise le quotidien. Quant aux migrants, ils s’impatientent. Dans les rues de l’île, les Ivoiriens et les Guinéens sont particulièrement nombreux. Wilfried est ivoirien. Il est parti pour “trouver un travail” grâce auquel il pourra nourrir sa famille. Pour l’accompagner dans son périple, il compte sur sa foi. “Notre vie est entre les mains de Dieu et du Christ”, confirme-t-il.

6 000 habitants

Sur l’île de 6 000 habitants, la présence d’autant de migrants n’est pas simple. Habitants et touristes aident comme ils le peuvent ceux qui sont “des humains comme nous”, rappelle Sophia, à la tête d’une pizzeria. Le vice-maire, Attilio Lucia, lui, s’époumone : “Nous sommes une petite île qui vit du tourisme et de la pêche. Pas Alcatraz. Personne ne nous aide, ni Rome ni l’Europe !” Quant au préfet, contacté par l’adjoint à la Culture, il assure qu’il n’est pas question de reconvertir en camp l’ancien terrain militaire.

Dimanche, Giorgia Meloni, Première ministre, est venue à la rencontre des habitants. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, à ses côtés. “Les promesses ne servent plus à rien. Moi, je regarde les actes et les chiffres”, lâche Rossela, une restauratrice de l’île après la visite express. Après le départ des deux politiques, 1 500 migrants étaient abrités dans le hot spot de l’île.