C’est, pour beaucoup de femmes afghanes, une des dernières lueurs d’espoir depuis l’arrivée des talibans au pouvoir. La Radio Begum, « radio reine » en persan, diffuse six heures de cours par jours. La station a été créée six mois seulement avant l’arrivée au pouvoir des talibans. Les 15 femmes qui composent la radio dispensent des cours de langue, de psychologie, d’histoire-géographie ou encore de santé. La créatrice de la radio se nomme Hamida Aman, elle est originaire d’Afghanistan et s’est réfugiée en Suisse à l’âge de huit ans suite à l’invasion soviétique. Depuis, elle fait des allers-retours entre la France et son pays d’origine.
Pour rappel, les talibans ont progressivement exclu les femmes des lieux d’éducation. En 2021, ils reportent sans date de retour le retour des filles afghanes de plus de 12 ans. En décembre 2022, l’université est entièrement interdite aux femmes. Le constat en 2023, deux ans après le retour des talibans, est simple : plus aucune femme n’a le droit de suivre des cours en Afghanistan. « La ligne éditoriale de la radio, c’est l’éducation« , expliquait Hamida Aman. Les enseignements sont donnés en direct devant quelques femmes comme dans une classe de cours classique. Un objectif simple en apparence mais qui est soumis à la répression féroce du régime. La radio diffuse mais son sort est sans cesse remis en doute.
« Un phare dans un océan de misère »
En effet, les écoles sont fermées aux femmes mais les talibans ne leur interdisent pas l’éducation, comme le rappelle Vatican News. « Tous les jours, nous avons des remises à l’ordre, nous apprenons chaque jour à composer avec un régime autoritaire qui nous surveille et nous interdit beaucoup de choses. C’est vraiment un travail d’équilibriste, nous naviguons à vue« , expliquait à Vatican News Hamida Aman. Si la radio est composée uniquement de femmes c’est également pour correspondre à la demande des talibans. « Le fait de ne pas être en contact avec des hommes fait que les autorités talibanes apprécient, nous répondons ainsi à leur demande« , explique la fondatrice de la radio.
La dispense de cours n’est pas la seule activité de la radio. Chaque jour, les auditrices sont en mesure d’appeler la radio afin d’être mis en contact avec une gynécologue. « C’est une consultation en ligne dans un pays où 90 % de la population dépend de l’aide humanitaire et n’a même pas de quoi acheter son pain quotidien. C’est vraiment un service qu’on leur rend de donner une consultation gratuite. Donc il va sans dire que c’est une émission qui est très, très courue, comme le soutien psychologique, parce que c’est un pays où tout le monde est en dépression : les femmes, les hommes, les enfants. C’est terrible d’entendre les appels de plus en plus de jeunes filles qui parlent de suicide. C’est effrayant« , livre Hamida Aman à France Inter. Désormais, pour beaucoup de femmes, Radio Begum est un « phare dans un océan de misère« . La femme n’a pas été autant méprisée et niée dans sa qualité d’être humains depuis de nombreuses années en Afghanistan.