Pour des millions d’enfants dans le monde, la cantine offre souvent le seul repas quotidien. Alors, en novembre 2021, le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé l’initiative “Un enfant, un repas”. Son but ? Fournir à chaque élève vulnérable un déjeuner chaud et gratuit d’ici à 2030, précise Le Monde. En Afrique, en proie à la plus grave crise de la faim depuis deux décennies, il faut aussi composer avec une crise de l’éducation.

Alors, le repas offert permet de ramener ou de maintenir des millions d’enfants à l’école. Certains n’y avaient plus mis les pieds depuis la pandémie de Covid et sa multitude de fermetures d’établissements scolaires. Sur le continent, plus de 62 millions d’élèves africains ont bénéficié de repas scolaires, en 2022, dont 10 millions financés par le PAM, selon un rapport des Nations unies.

Moins de dons

Face à la paupérisation brutale des familles, les États ont retroussé leurs manches malgré des budgets de plus en plus limités par les conséquences économiques du Covid-19, puis de la guerre en Ukraine, qui a fait grimper les prix des denrées et de leur acheminement. La part du financement public de l’alimentation scolaire a progressé. Elle est passée de 30 % à 45 % entre 2020 et 2022, alors que les dons internationaux ont chuté de 69 % à 55 %. Malgré les efforts réalisés, le niveau de prise en charge d’avant la pandémie n’a pas encore été rattrapé. Auparavant, 4 % d’écoliers en plus bénéficiaient d’un repas scolaire. Si bien que parmi les enfants les plus fragiles, plus de huit sur dix n’ont pas eu accès à un repas scolaire l’an dernier.

En Afrique, certains pays ont fait du repas scolaire une priorité. Parmi eux, le Bénin. Il prévoit d’investir près de 249 millions d’euros sur cinq ans pour étendre son programme national. Le Rwanda, lui, a multiplié par presque six le nombre d’élèves bénéficiaires en deux ans. Un résultat grâce auquel il s’approche de l’objectif avec 3,8 millions d’enfants âgés de 5 à 19 ans couverts, sur un total de 4,7 millions.

Circuits courts

L’investissement financier n’a pas été l’unique action mise en place pour nourrir les écoliers. “Nous avons revu notre offre, notamment en important moins, en ayant recours à des coopératives et en développant des circuits courts avec des producteurs locaux. Cela a enclenché un véritable cercle vertueux”, précise au quotidien la Béninoise Karen Ologoudou, conseillère régionale pour le PAM en Afrique de l’Ouest.

En Gambie, la Coalition pour l’alimentation scolaire s’est rapprochée de groupements de travailleuses spécialisées dans la transformation artisanale du poisson. Les femmes ont été formées pour améliorer la quantité et la qualité de leur production. Et puis, des abris de séchage avec panneaux solaires ont été construits, les conditions de fumage du poisson améliorées, comme l’hygiène, etc. Dans les cantines, d’autres salariées cuisinent et remplissent les assiettes. “Le circuit court nous a également permis de composer des menus plus diversifiés et de proposer aux enfants des produits locaux, frais et adaptés à leur culture”, ajoute Karen Ologoudou.

Des progrès insuffisants

Cette économie circulaire profite directement aux familles. Elle leur assure un revenu sur toute l’année, et permet aux producteurs de renvoyer leurs enfants à l’école. Des progrès insuffisants. À cause du conflit en Ukraine, l’inflation alimentaire oscille entre 12 % à 39 % sur le continent. Et rien qu’en Afrique de l’Ouest, 10 millions d’Africains pourraient basculer dans la faim en 2023, selon l’ONU.