La peine d’emprisonnement de Boualem Sansal, prononcée en mars 2025, a été confirmée en appel mardi 1er juillet, en Algérie. L’écrivain franco-algérien est accusé notamment « d’atteinte à l’unité nationale » pour des déclarations qui remontent à octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières. Il avait notamment estimé que l’Algérie avait hérité de territoires qui appartenaient au Maroc sous la colonisation française. « Je dois rendre visite à mon client pour discuter avec lui d’un éventuel pourvoi », a affirmé Me Pierre Cornut-Gentille, nouvel avocat français de l’écrivain. Âgé de 80 ans, Boualem Sansal est atteint d’un cancer de la prostate. Il est accusé « d’atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays », énumère Le Monde. Le parquet avait requis dix ans de prison en première instance et en appel. L’écrivain a été condamné en appel à cinq ans de prison ferme.
Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, Boualem Sansal est au cœur d’une lutte diplomatique entre la France et l’Algérie. Paris a qualifié cette décision de justice d’« incompréhensible et injustifiée » et a demandé aux autorités algériennes de « faire preuve d’un geste de clémence ». « Notre souhait est qu’il puisse être libéré et soigné », a affirmé le Quai d’Orsay dans un communiqué. « Maintenant qu’il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises », a déclaré François Bayrou mardi 1er juillet.
Boualem Sansal au cœur de la crise franco-algérienne
Cette affaire a lieu alors que la France et l’Algérie sont en crise depuis juillet 2024 et la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental que se disputent l’Algérie et le Maroc depuis cinquante ans. Depuis, la crise diplomatique entre l’Algérie et la France a conduit à des expulsions de diplomates de part et d’autres, à des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et à un gel de coopérations. Le 6 mai, l’Assemblée nationale a adopté une résolution appelant à la « libération immédiate » de Boualem Sansal.
Invitée d‘Europe 1, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a indiqué que « la France utilise les moyens diplomatiques pour demander au président Tebboune une grâce humanitaire ». Elle a toutefois prévenu que cela ne « résoudra pas l’ensemble des difficultés et des tensions que nous avons en ce moment avec l’Algérie ». Sophie Primas a souhaité que les tensions s’arrêtent et a demandé à « retrouver les voix de la diplomatie ». Plusieurs accords franco-algériens ont été suspendus dans le cadre de la « riposte graduée » mise en place par la France face à l’Algérie en mars 2025. Selon la porte-parole du gouvernement, cette stratégie est toujours en place « dans la tranquillité et doucement ».