La cérémonie a eu lieu de nuit, en pleine forêt amazonienne, sur le territoire brésilien. Le mardi 26 mars, Emmanuel Macron a élevé au rang de chevalier le chef Raoni. Dans une vidéo publiée sur le compte du chef d’État français, on voit les deux hommes se prendre dans les bras, sous le regard de Lula, le président du Brésil, qui immortalise ce moment avec un appareil photo.
Loin des protocoles habituels des cérémonies de décoration, la remise de médaille au défenseur de l’Amazonie et de la culture des peuples premiers a été marquée par une alternance du vouvoiement et du tutoiement, indique BFMTV. “Jamais vous ne vous êtes arrêté, jamais vous ne vous arrêtez”, a lancé Emmanuel Macron dans son hommage au cacique. “Oui, Raoni, tu as porté ce combat peut-être encore plus loin que d’autres (…). Très modestement, je voulais dire que nous continuerons à le mener à tes côtés”, a poursuivi le chef d’État.
Raoni, lui, n’a pas caché son inquiétude face à l’avenir. Il s’est dit “très inquiet que l’homme blanc continue à détruire la nature”. Celui qui “considère Lula comme [son] frère, Macron comme [son] fils” les exhorte à apporter leur “soutien” pour que “plus de terres indigènes” soient rendues aux peuples autochtones. Mondialement connu, Raoni est venu pour la première fois en Europe il y a trente ans. Voici cinq choses à savoir sur lui.
Un représentant du peuple kayapo
Indissociable de sa couronne de plumes jaunes et de son labret qu’il porte sur sa lèvre inférieure, Raoni Metuktire est un grand chef du peuple kayapo. Son territoire est une terre indigène protégée, située dans la partie brésilienne de la forêt amazonienne, rappelle Sud-Ouest. Né entre 1930 et 1934 à Krajmopyjakare dans l’État du Mato Grosso, il est devenu l’ambassadeur de son peuple sur les sujets de déforestation et la défense de la culture indigène en 1954. Peu auparavant, il a rencontré pour la première fois l’indigéniste Orlando Villas-Bôas. L’explorateur brésilien et ses trois frères sont notamment connus pour avoir fondé le parc national du Haut Xingu, la plus importante réserve indigène du Brésil.
Une source d’inspiration pour les réalisateurs
Dès 1977, le cinéaste belge Jean-Pierre Dutilleux a consacré un documentaire au combat de Raoni et des Kayapos pour garder leurs terres. Intitulé Raoni, il a été présenté au Festival de Cannes et nommé dans la catégorie « Meilleur documentaire » des Oscars en 1979. Depuis, Jean-Pierre Dutilleux est devenu président d’honneur de l’Association pour la forêt vierge et continue de soutenir son “ami” Raoni. L’action du cacique a inspiré d’autres réalisateurs, souligne L’Obs. En 2009, avec Avatar, l’américain James Cameron a voulu “renvoyer à la situation que vivent actuellement certaines tribus amazoniennes. Dans une interview accordée à Néoplanète, il déclarait : “Ce qui choque quand on survole l’Amazonie, c’est de voir toutes ses cicatrices béantes qui ont été laissées par les activités expansionnistes, pour ne pas dire colonisatrices, de certaines compagnies minières, agricoles ou forestières.”
Une tournée avec Sting
En 1989, Raoni entame une tournée mondiale aux côtés du chanteur Sting. Ensemble, ils se rendront dans 17 pays afin de récolter des fonds pour la cause indigène et sensibiliser le grand public à la déforestation. Grâce à cet événement, plusieurs “Fondations Forêt Vierge” seront créées dans le monde. Quant au G7, il débloquera des fonds pour démarquer des réserves indigènes au Brésil. Lors de cette tournée, le chef kayapo a eu l’opportunité de rencontrer François Mitterrand, alors président de la République, et le pape Jean-Paul II. Raoni est ensuite revenu plusieurs fois en France et il a rencontré tous les successeurs du président socialiste.
Opposé à la construction de barrages gigantesques
C’est certainement l’un des combats les plus importants mené par le chef kayapo : la lutte contre la construction de barrages hydroélectriques pharaoniques, comme celui de Belo Monte. En 2014, alors que le Brésil était l’hôte de la Coupe du Monde de football, Raoni était venu en Europe. Lors d’une tournée, il avait interpellé les entreprises françaises impliquées dans la construction de ces barrages, qui inondent des terres indiennes et détruisent l’environnement et l’habitat des peuples autochtones.
Un militant anti-Bolsonaro
La dernière fois que Raoni est venu en France, c’était en 2019. En janvier de la même année, Jair Bolsonaro avait été élu président du Brésil. Ancien militaire d’extrême droite, le chef d’État, qui a depuis cédé sa place à Lula, affirmait vouloir en finir avec “l’activisme écologiste chiite”. Lors de son mandat, la déforestation, qui avait ralenti de manière spectaculaire de 2004 à 2012 (Lula était président de 2002 à 2010), a redémarré dès janvier 2019. Et alors que l’Amazonie brûlait, le chef indien a lancé un appel le 23 août à la communauté internationale afin qu’elle travaille à la destitution de Jair Bolsonaro. Raoni estimait, en effet, qu’en encourageant le développement de l’agriculture et l’exploitation minière sur les terres indigènes, Jair Bolsonaro était responsable des incendies