Entre l’Iran et Israël, le conflit couve depuis des décennies. Dans la soirée du samedi 13 avril, l’Iran a lancé une attaque directe et massive sur Israël. Des centaines de drones et de missiles ont été tirés, depuis le territoire iranien et les pays voisins alliés, précise Libération. Si le “Dôme d’acier” a permis d’abattre la plupart des projectiles, les questions sont nombreuses à propos de la stratégie iranienne et de la suite des événements. Mais pourquoi l’Iran a-t-il fini par attaquer Israël ?

Depuis deux semaines, la tension entre les deux États était encore montée d’un cran. En cause, une frappe, sur le consulat iranien à Damas, la capitale syrienne, le 1er avril, attribuée à l’État hébreu. L’attaque avait tué sept gardiens de la révolution, l’organisation paramilitaire de la république islamique. Parmi eux, deux généraux. Il se pourrait que le général Mohammad Reza Zahedi, commandant de la force Al-Qods iranienne pour la Syrie et le Liban et seul membre étranger de la plus haute instance du Hezbollah, ait été la cible principale de cette frappe. En réaction, l’ayatollah Ali Khamenei avait promis de “punir” Israël.

Tentatives de médiation

Plusieurs jours avant l’attaque, les renseignements américains expliquaient qu’il ne s’agissait plus de savoir si l’Iran allait attaquer, mais quand cela allait se produire. Les États-Unis ont multiplié les contacts pour demander aux Qataris, aux Chinois et aux Turcs de tenter de dissuader Téhéran de toute riposte contre Israël. En vain.

Aux alentours de 22 heures samedi soir, des survols de drones ont commencé à être signalés dans des pays situés entre l’Iran et Israël, notamment l’Irak. Téhéran a confirmé peu après avoir lancé depuis son sol des drones et des missiles vers l’État hébreu. Des groupes pro-iraniens, comme le Hezbollah et d’autres milices, se sont ensuite joints à l’attaque, en effectuant eux-mêmes des tirs de roquettes et de drones depuis le Liban, la Syrie, le Yémen et l’Irak.

« 170 drones »

Dimanche matin, Daniel Hagari, le porte-parole de l’armée israélienne, a chiffré à “plus de 300” le nombre de projectiles lancés par l’Iran et ses alliés. “170 drones”, “110 missiles balistiques” et “30 missiles de croisière”. Parmi les projectiles lancés depuis l’Iran, certains ont mis plusieurs heures avant d’approcher leur cible, située à quelque 1 500 kilomètres. Les défenses antiaériennes, et notamment le “Dôme de fer” israélien, ont eu le temps de les détruire en vol.

Selon Israël, l’attaque iranienne a été déjouée. Quelque “99 % des tirs” ont été stoppés, selon le porte-parole de Tsahal. Seuls quelques missiles balistiques “sont entrés [sur le territoire] et ont touché légèrement la base de Nevatim”, dans le désert du Néguev. Mais pas de quoi empêcher l’utilisation de la base, dont les pistes restent utilisées pour des atterrissages et des décollages. Quid du bilan humain ? Pour le moment, la Croix-Rouge israélienne n’a signalé qu’une enfant blessée.

Aide d’alliés

Pour stopper les 300 projectiles, Israël a été aidé par ses alliés. Les Américains et les Britanniques auraient ainsi abattu plusieurs engins. Il en va de même pour la Jordanie. La France, elle, “a engagé des moyens militaires […] pour neutraliser des drones iraniens, pas des missiles, lors du survol de nos emprises militaires dans la région hier soir”, selon une source citée par Libération. Une information confirmée par le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. En effet, la France possède au Moyen-Orient des bases situées, notamment, en Irak et en Jordanie.

Dès dimanche, les appels à la retenue se sont multipliés. De son côté, le chef des forces armées iraniennes a assuré que l’attaque menée contre Israël avait “atteint tous ses objectifs”. Le général Mohammad Bagheri a affirmé que les deux sites visés avaient été “le centre de renseignement qui a fourni aux sionistes les informations nécessaires” à la frappe israélienne du 1er avril, ainsi que “la base aérienne de Nevatim”. Les avions qui ont bombardé le consulat iranien à Damas auraient décollé de cette base. “Ces deux centres ont été considérablement endommagés et mis hors service”, a insisté le militaire. Et d’ajouter : “Nous n’avons aucune intention de poursuivre cette opération, mais si le régime sioniste entreprend une action contre la république islamique d’Iran, que ce soit sur notre sol ou dans les centres nous appartenant en Syrie ou ailleurs, notre prochaine opération sera bien plus importante que celle-ci”, a prévenu le haut gradé.

« Légitime défense »

Sur X (ex-Twitter), la représentation de la république islamique à l’ONU a estimé que son action militaire relevait de “la légitime défense”, après la frappe sur son consulat à Damas. Le post poursuit en disant que “l’affaire peut être considérée comme close”. En revanche, Téhéran précise : “Si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère.” La réponse officielle d’Israël et une éventuelle riposte se font encore attendre.

De leur côté, les États-Unis, alliés historiques d’Israël, ont fortement condamné l’attaque iranienne et réassuré leur “soutien inébranlable” à Israël. Mais dans une conversation téléphonique avec son homologue israélien, Joe Biden lui aurait intimé de ne pas mener de contre-attaque, selon plusieurs médias américains.

« Une rupture profonde »

Interrogé sur le sujet par BFMTV lundi 15 avril, le président de la République, Emmanuel Macron, a estimé que que l’attaque de l’Iran contre le territoire israélien ne relevait pas de « l’équilibre de la violence » dans la région. Téhéran a provoqué « une rupture profonde » au Moyen-Orient, selon celui qui considère que ces représailles sont de trop grande ampleur.