Dans un petit sanctuaire discret d’Ikitsuki, au large de Nagasaki, des chrétiens vénèrent une image en apparence bouddhiste : une femme en kimono tenant un enfant. Derrière cette représentation se cache la Vierge Marie portant Jésus. À côté, un autre rouleau représente Jean-Baptiste en martyre. Bien loin des crucifix et icônes classiques, ces objets témoignent d’une foi dissimulée, cultivée dans la peur pendant plus de deux siècles.

Ces « chrétiens cachés » — Kakure Kirishitan en japonais — pratiquent une forme de christianisme méconnaissable, née des persécutions lancées au XVIIe siècle contre les missionnaires et convertis. Contraints à la clandestinité après l’interdiction du christianisme en 1614, ils ont survécu en transformant et dissimulant leurs rites dans des pratiques locales, explique l’agence de presse AP.

Après la levée de l’interdiction en 1873, beaucoup se sont convertis au catholicisme. Mais certains ont refusé d’abandonner leur foi hybride. Leurs chants en latin ancien, appelés Orasho, continuent de résonner parfois dans les […]