Aux États-Unis, quelque 1 600 textes de loi visent à faire revenir la religion dans les écoles publiques. Un retour qui n’est pas du goût des activistes juifs, rapporte The Times of Israël. Eux voient dans cette tendance la fin de la laïcité. Ils craignent que l’on cherche à imposer une croyance aux jeunes. Les responsables religieux, les défenseurs de la liberté de culte comme les éducateurs parlent d’une nouvelle fissure dans le mur érigé entre la religion et l’État. De quoi leur faire dire que le nationalisme chrétien s’est ancré dans tous les États-Unis et gagne peu à peu en vitalité.

“Tous les projets de loi encouragent les responsables publics à utiliser la machine de l’État pour imposer leur religion à tous nos enfants. C’est le nationalisme chrétien à l’œuvre parce qu’il codifie le privilège des valeurs chrétiennes au sein du gouvernement de l’État et qu’il renforce le statut ‘d’étrangers’ des élèves juifs et des autres”, commente Rachel Laser, présidente et directrice générale d’Americans United for Separation of Church and State, une organisation favorable à la liberté de culte.

Les dix commandements dans les salles de classe

Une autre loi que celle sur les aumôniers inquiète. Les députés texans souhaitent voter deux autres projets de loi en lien avec la religion avant les vacances d’été. Le premier vise à obliger l’affichage des dix commandements dans les salles de classe, le second à accorder aux employés des écoles publiques le droit de prier ou de prononcer des discours religieux pendant l’exercice de leur travail.

“Le collège est une période où beaucoup d’enfants sont en train de se découvrir, notamment au niveau de leur orientation. Que ce soit dans l’armée ou à l’hôpital, aller voir un aumônier est un choix individuel. Si le seul choix est l’aumônier, alors, dans les faits, vous éloignez tout simplement les élèves qui peuvent se sentir mal à l’aise à l’idée de parler à quelqu’un qui représente une religion”, déplore une assistante sociale diplômée et responsable de la Gay Straight Alliance au sein de son établissement. Le fait que les aumôniers ne soient généralement pas formés aux problématiques de la toxicomanie, de la prévention du suicide et du harcèlement scolaire, etc., l’interpelle également.

Une décision de la Cour suprême

Les partisans du retour de la religion dans les écoles publiques, eux, s’appuient sur une décision de 2022 de la Cour suprême (dans le dossier Kennedy v. Bremerton), autorisant la religion dans l’espace scolaire. Celle-ci, pourtant, autorise un entraîneur à dire une prière privée après un match de football, mais elle précise que les employés des écoles publiques ne peuvent pas faire pression sur les élèves pour les forcer à prier avec eux, indique Richard Foltin, qui travaille sur la liberté religieuse au sein du Freedom Forum. Et rien ne dit qu’un aumônier ne sera pas tenté de faire du prosélytisme.