Aux États-Unis aussi le rôle des femmes dans l’Église fait débat. Sur ce point, Rick Warren, pasteur-star du monde évangélique, n’hésite pas à s’opposer à la position de la Convention baptiste du Sud (SBC), la plus grande Église protestante des États-Unis forte de 13 millions de fidèles. D’ailleurs, l’ordination de plusieurs femmes dans la méga-église Saddleback, qu’il a dirigée jusqu’en 2022, a valu à celle-ci et à ses 57 000 fidèles d’être mis au ban, rapporte Courrier International.

Pas du genre à se laisser faire, Rick Warren a riposté en mettant en ligne un site internet sur lequel il publie des vidéos plaidant en faveur de l’ordination des femmes. Pour donner du poids à ces arguments, il s’appuie sur les Écritures. Par ailleurs, il n’hésite pas à fustiger la SBC, dont les idées ont convaincu quatre générations de sa famille. Mardi 13 juin, le pasteur évangélique compte prendre la parole devant des milliers de baptistes du Sud, venus assister à leur conférence annuelle et défendre un recours en appel.

Éviter que la SBC bascule “à fond dans le trumpisme”

Pour défendre son Église et ses idées, il compte mettre l’accent sur la diminution des effectifs de la SBC et sa perte d’influence. Un phénomène observé depuis plusieurs années, que Rick Warren explique par la mise en avant de questions politiques clivantes, laïques et religieuses. Il pourra également rappeler que le rôle des femmes au sein de la Convention baptiste du Sud n’a pas toujours été aussi strictement limité, comme le confirme Mark Chaves, sociologue de l’université Duke. Celui-ci précise qu’une évolution a été observée à partir des années 1980. Des idées conservatrices ont alors pris de plus en plus de place, au point d’aboutir, en 2000, à l’adoption d’un amendement stipulant que “la fonction de pasteur est limitée aux hommes”.

Selon plusieurs observateurs, Rick Warren n’entend pas seulement redonner leur place aux femmes. Shaun Casey, ex-conseiller de Barack Obama, estime que le pasteur “cherche à empêcher le culte de basculer à fond dans le trumpisme”. Un avis partagé par Beth Allison Barr, historienne. Selon elle, Rick Warren, “cherche à détourner les évangéliques […] de leur mariage avec le pouvoir politique depuis plusieurs décennies”.