L’affrontement entre Kamala Harris et Donald Trump a été rude. Retransmise en direct, la première rencontre entre les deux candidats à la Maison-Blanche a eu lieu à Philadelphie, dans l’État clé de la Pennsylvanie. Le débat a duré 90 minutes et s’est déroulé sans notes ni public. Retour sur des temps forts.

L’avortement

Plus de deux ans après la fin de l’arrêt Roe v. Wade et de la protection constitutionnelle du droit à l’IVG, l’avortement reste un sujet clé en politique. Donald Trump a salué « le génie » des juges de la Cour suprême ayant voté la révocation de ce droit. Le milliardaire a insisté sur le fait que désormais, « les États décident ». Vingt-deux d’entre eux ont interdit ou strictement restreint l’accès à l’IVG, selon le New York Times. Adepte des fausses informations, Donald Trump a répété que les démocrates permettraient « un avortement à neuf mois ». « Nulle part en Amérique, une femme ne va aller au terme de sa grossesse pour demander un avortement. Ça n’arrive jamais. C’est insultant pour les femmes d’Amérique », a répondu Kamala Harris. L’ancienne procureure a ajouté : « Vous allez entendre beaucoup de mensonges aujourd’hui ». Protectrice du droit à l’avortement aux États-Unis, la vice-présidente a évoqué les conséquences de la fin de Roe v. Wade, avant d’alerter sur la perspective d’un nouveau mandat de Donald Trump. « Il va signer une interdiction de l’IVG nationale », a-t-elle averti. Depuis plusieurs semaines, le discours de son rival à ce sujet varie.

Bande de Gaza et Ukraine

Une partie du débat a porté sur la politique étrangère, notamment la guerre dans la bande de Gaza et en Ukraine. « Si j’étais président, cette guerre [entre Israël et le Hamas] n’aurait jamais commencé, Vladimir Poutine n’aurait jamais envahi l’Ukraine », a assuré Donald Trump, vantard. Selon lui, si Kamala Harris est élue, « Israël n’existera plus » et « toute la région va exploser ». Le républicain a promis de « mettre un terme à la guerre, avant même [son] investiture ». La démocrate a quant à elle réitéré ses positions sur le conflit opposant Israël au Hamas, à savoir qu’Israël a « le droit de se défendre » après les attaques terroristes du 7 octobre 2023, et le fait que « beaucoup trop de Palestiniens meurent ». À propos de la guerre en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, « ne ferait qu’une bouchée » de Donald Trump et « serait actuellement assis à Kiev, son regard tourné vers le reste de l’Europe, à commencer par la Pologne » si le républicain était à la Maison Blanche, a affirmé la candidate de confession protestante. Au passage, elle n’a pas hésité à rappeler les relations qu’entretient le républicain avec Vladimir Poutine, Kim Jong-un et Viktor Orban, le Premier ministre hongrois. « Donald Trump veut être un dictateur (…) On sait que des dictateurs vous soutiennent, ils savent qu’ils peuvent vous manipuler. » « Beaucoup de dirigeants m’ont dit que vous étiez une honte », a asséné la vice-présidente.

Immigration

La rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre et Donald Trump n’a pas hésité à la reprendre. « À Springfield (Ohio), ils mangent des chiens, les gens qui viennent (des migrants, ndlr), ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants », a assuré l’ex-président. Le journaliste David Muir, modérateur, a répété à plusieurs reprises qu’aucune preuve n’est venue étayer cette thèse que des ténors républicains – jusqu’au colistier de Donald Trump -, ou encore le milliardaire Elon Musk, colportent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux.

Interrogé sur l’immigration, Donald Trump a fait le lien – sans fondement – entre les arrivées d’étrangers et la criminalité aux États-Unis. « C’est fort de la part de quelqu’un qui est un repris de justice », a rétorqué Kamala Harris, faisant référence aux affaires judiciaires visant l’ancien président. Des affaires « lancées par les démocrates », selon le républicain, accusant ses adversaires d’employer la branche judiciaire « comme une arme ». Kamala Harris est alors revenue sur une décision récente de la Cour suprême, donnant en partie raison à Donald Trump sur la question de son immunité. La plus haute juridiction des États-Unis, composée d’une majorité de juges conservateurs, a estimé qu’il y avait une présomption d’immunité pour les actes officiels d’un président. « On parle d’une personne qui a dit qu’elle allait mettre un terme à la Constitution », a averti Kamala Harris, dont le parti appuie sur les risques d’un nouveau mandat du milliardaire pour la démocratie. « Ils ont dit que j’étais une menace pour la démocratie (…) À cause de ce qu’ils ont dit sur moi, j’ai failli être assassiné », a dénoncé l’homme d’affaires, qui a échappé à une tentative d’assassinat en plein meeting en juillet dernier.

Des valeurs inchangées

Questionnée sur ses changements de position sur certains sujets, qui lui ont valu d’être qualifiée de « plus grande retourneuse de veste de toute l’histoire » par Donald Trump, Kamala Harris a affirmé que ses « valeurs n’ont pas changé ». « Je n’ai pas interdit la fracturation hydraulique » en tant que vice-présidente, a-t-elle indiqué, même si elle était opposée à ce procédé en 2019. »Enfant de classe moyenne élevée par une mère qui travaillait dur, j’ai des valeurs que je partage avec beaucoup de personnes », a ajouté l’ancienne sénatrice. « Elle a tout abandonné (…) Elle a 12, 14 revirements de politique », a réagi Donald Trump.