Les mots du président brésilien Jair Bolsonaro, lundi 13 juin, ne sont clairement pas rassurants. “Les recherches se poursuivent. Mais tout porte à croire qu’on leur a fait du mal, des viscères humains ont été retrouvés flottant sur le fleuve et amenés à Brasilia pour identifier l’ADN”, a déclaré le chef de l’État lors d’un entretien à la radio CBN, cité par BFMTV. Depuis le 5 juin, aucune trace du journaliste britannique Dom Phillips et de l’expert brésilien Bruno Pereira. Les deux hommes ont disparu dans une zone reculée de l’Amazonie alors qu’ils travaillaient sur la conservation de l’environnement. 

Vu le temps qui a passé, déjà huit jours, ce sera très difficile de les retrouver vivants. Je prie Dieu pour que ce soit le cas, mais les informations dont nous disposons nous font craindre le contraire”, a également ajouté Jair Bolsonaro, tandis que la famille de Dom Phillips avait affirmé plus tôt que deux corps avaient été retrouvés et qu’une identification était en cours. Dimanche 12 juin, la police fédérale de l’État d’Amazonas (dans le nord-ouest du pays), citée par Le Parisien, a indiqué que “des objets appartenant aux disparus (avaient) été retrouvés : une carte de santé, un pantalon noir, une sandale noire et une paire de bottes appartenant à Bruno Pereira, et une paire de bottes et un sac à dos appartenant à Dom Phillips et contenant des vêtements personnels”. 

“Ravages de la catastrophe environnementale”

Bruno Pereira, anthropologue de 41 ans, servait de guide au journaliste britannique de 57 ans, Dom Phillips, par ailleurs collaborateur du journal britannique The Guardian. Ce dernier préparait un ouvrage sur la conservation de l’environnement dans cette région située au carrefour du Pérou et de la Colombie et abritant 8,5 millions d’hectares de terres indigènes protégées. D’après certains militants locaux, raconte Le Parisien, Bruno Pereira était souvent menacé en raison de son combat pour la défense des terres indigènes. 

Mais cette disparition pourrait être également liée au narcotrafic, indique le journal brésilien O Globo, relayé par Courrier international. Dans un article d’opinion publié par le New York Times, également cité par l’hebdomadaire, une éditorialiste brésilienne spécialiste de l’environnement et proche de Dom Phillips, Eliane Brum, dénonce l’attitude du président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Car les autorités brésiliennes ne seraient arrivées sur place que le 8 juin : “La disparition [des deux hommes] et la réponse inadéquate du gouvernement font partie intégrante de la réticence du président [brésilien] à affronter les ravages de la catastrophe environnementale déjà en cours en Amazonie.”