Lors des visites d’un chef d’État, rien n’est laissé au hasard. Le chef du protocole de la République française organise tout dans les moindres détails. La venue de Charles III et de son épouse ne déroge pas à la règle. Laurent Stefanini occupait ce poste lors de la visite d’Elizabeth II à Paris en 2014. Il a expliqué à BFMTV comment se prépare un tel déplacement. “Une visite d’État, c’est une négociation”, illustre l’ambassadeur. La puissance invitante propose, celle en déplacement valide.
Bien entendu, la question de la sécurité est primordiale. S’appuyant sur son expérience lors de la venue de la mère de Charles III, il précise que les Britanniques “n’ont pas d’exigences particulières”. S’il est possible que les choses aient changé depuis, la sécurité autour du souverain est beaucoup plus légère que lors de visites de nombreux chefs d’État ou de gouvernement. Pourtant, le chef de l’Église anglicane ira à la rencontre des Français à Paris et à Saint-Denis. Deux bains de foule qui devraient mobiliser les équipes de la préfecture de police de Paris plusieurs heures avant l’arrivée sur place de Charles III. “On s’assure qu’il n’y a pas d’explosifs à proximité. Il y a aussi suffisamment de policiers en tenue et en civil pour faire en sorte que la visite se passe bien”, détaille celui qui a été chef du protocole de la République française de 2010 à 2016.
L’avion puis le train
Pour arriver jusqu’en France, Elizabeth II, qui était montée à bord d’un train Eurostar spécial en 2004, s’était ravisée en 2014. Lors de son dernier passage en France, elle avait pris place à bord d’un Eurostar classique. Un choix bien moins onéreux. Très attaché à la protection de l’environnement, Charles III a choisi de venir en avion. Mais pour rallier Bordeaux, où le conduira la suite de son voyage, il devrait prendre le train.
Qu’en est-il de l’hébergement ? La coutume veut que les souverains britanniques dorment à l’ambassade. Celle-ci est située rue du Faubourg-Saint-Honoré, tout près – donc – du palais de l’Élysée.
“Très courtois, très ouvert”
Mais ce n’est pas tout. Mercredi soir, jour de son arrivée sur le sol français, le couple royal sera convié à un dîner organisé à Versailles. Pour l’occasion, le président de la République a dressé une liste d’invités qui a ensuite été soumise à Charles III. “Il y a des membres du gouvernement, mais aussi une partie des corps constitués, souvent le grand chancelier de la Légion d’honneur, le secrétaire perpétuel de l’Académie française…” indique Laurent Stefanini. Et d’ajouter : “Il y a également les milieux économiques, les milieux culturels et ceux pour qui la relation bilatérale franco-britannique compte énormément.” Chaque participant sera présenté à l’hôte d’Emmanuel Macron.
D’ailleurs, c’est ce dernier qui, avec l’aide de son épouse, aura choisi le menu et les vins qui accompagneront les plats. Un menu qui aura sans doute été soumis au protocole britannique. Pour les invités du dîner et ceux qui croiseront Charles III lors de son séjour en France, les choses devraient également être plus simples que lors des visites d’Elizabeth II. “C’est quelqu’un de très facile, de très courtois, de très ouvert, très attentif aux autres et pas du tout formaliste ou raide”, décrit l’ex-chef du protocole. Sa mère, elle, était très à cheval sur le respect du caractère sacré du corps du roi. Si bien que Georges Pompidou en 1972 et Jacques Chirac en 2004 avaient commis un impair de taille en touchant la reine.