Derrière les barbelés du camp de Pournara, à une dizaine de kilomètres de la capitale Nicosie, les exilés s’entassent dans le froid et la boue. De l’eau souillée ruisselle au milieu des tentes blanches battues par le vent. Dans les allées, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants venus du monde entier font la queue pour un peu de nourriture. Tous attendent d’être enregistrés comme demandeurs d’asile. Une première étape pour sortir de ce centre et espérer obtenir le statut de réfugié.

«Je viens d’arriver. Ce n’est vraiment pas facile de vivre ici», souffle Sylla* à travers les hauts grillages coiffés de caméras de surveillance. «Mais je me sens toujours plus en sécurité qu’au pays», poursuit-il. Originaire de Guinée-Conakry, l’homme de 23 ans a tout laissé derrière lui. A peine a-t-il pu prendre quelques af­faires dans un sac à dos. «J’ai dû m’enfuir vite parce que ma vie était menacée. Les voisins voulaient s’en prendre à moi et ma famille car nous sommes catholiques», explique le jeune homme, qui vivait dans un village animiste. En 2021, 86% des  […]