C’est une triste nouvelle pour la planète. En 2024, les émissions de CO₂ produites par la combustion des énergies fossiles ont encore progressé. Selon une étude publiée mercredi 13 novembre, par les 120 scientifiques du Global Carbon Project, un record devrait encore être battu. Cependant, les chercheurs n’entrevoient pas de pic clair du recours au pétrole, au gaz et au charbon. Selon cette étude, considérée comme une référence, les émissions mondiales de CO₂ provenant des combustibles fossiles atteindront cette année 37,4 milliards de tonnes, soit 0,8% de plus qu’en 2023. Additionnée aux prévisions d’émissions liées au changement d’affectation des terres, comme la déforestation, les émissions totales devraient atteindre 41,6 milliards de tonnes en 2024, soit une progression de 2,5% en un an. Selon le Global Carbon Project, les émissions totales de CO₂ sont sur un plateau depuis une dizaine d’années.
Pas assez d’énergies renouvelables
Le professeur Pierre Friedlingstein, de l’université britannique d’Exeter, a rédigé l’étude. Son avis est le suivant : “Les effets du changement climatique sont de plus en plus dramatiques”. Pourtant, “rien n’indique encore que l’utilisation des combustibles fossiles ait atteint son maximum”. Glen Peters, du Centre pour la recherche internationale sur le climat d’Oslo, estime quant à lui que le monde est “proche d’une manière très frustrante” d’un pic des émissions fossiles. Parallèlement, “les (énergies) renouvelables augmentent fortement”, tout comme les voitures électriques. “Mais ce n’est néanmoins toujours pas assez”, a expliqué le spécialiste. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime quant à elle que le pic mondial de consommation des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) interviendra “avant 2030”.
L’équipe de scientifiques à l’origine du rapport Global Carbon Budget pense qu’il y a une chance sur deux pour que le réchauffement dépasse 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, qui est l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, “de manière constante d’ici environ six ans”. Ils insistent cependant sur le fait que cette estimation est “soumise à de grandes incertitudes”.
Moins d’émissions en Europe, mais beaucoup plus en Inde
Dans son communiqué, le groupe ajoute : “Il est clair que le budget carbone restant – et donc le temps qu’il reste pour atteindre l’objectif de 1,5 °C et éviter les pires impacts du changement climatique – est presque épuisé”. Or, les émissions de la Chine, premier émetteur mondial de CO₂, devraient augmenter de 0,2% – même si la fourchette des émissions comprend une possible diminution. Et si celles des États-Unis devraient diminuer de 0,6%, celles de l’Inde pourraient bondir de 4,6%. Parallèlement, il est prévu que celles de l’Union européenne reculent de 3,8%. Enfin, le rapport souligne que les niveaux actuels d’élimination du dioxyde de carbone par la technologie, excluant donc des moyens naturels comme le reboisement, permettent uniquement de compenser un millionième du CO₂ émis par les énergies fossiles.